Le colonialisme a bon dos

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A propos de l'incarcération de Gérard Jodar, je voudrais pointer mes amis métropolitains sur les articles suivants :

Ce qu'il faut savoir c'est que Gérard Jodar, depuis des années, flirtait avec l'illégalité et avait déjà été condamné à trois mois de prison (qui ont été cumulés avec les douze mois qu'il a reçu la semaine dernière, ce qui lui fait une peine de quinze mois à purger). Ce qui est étonnant n'est pas qu'il ait été envoyé en prison récemment — quiconque aurait illégalement et par la force envahi un aéroport et un avion en paradant ostensiblement avec une bombe (factice mais bel et bien destinée à ressembler à une bombe) puis endommagé ce même avion dans un aéroport métropolitain aurait subi le même sort, et personne ne parlerait de justice coloniale, on parlerait de terrorisme — mais qu'il ait réussi à y échapper aussi longtemps. Il faut savoir que ce monsieur ne rêve que de déclencher des émeutes. Pendant les événements récents en Guadeloupe, il s'est monté le bourrichon et n'a pas dû débander pendant des semaines, rêvant et promettant haut et fort à qui voulait l'entendre qu'il mettrait le pays, à nouveau, à feu et à sang.

Pour rappeler le contexte, le conflit d'Aircal a été déclenché au prétexte du non renouvellement du CDD d'une employée qui avait commis une faute grave (elle avait communiqué à un tiers la présence d'un passager sur un vol, ce qui est une information confidentielle), puis au prétexte de l'embauche à sa place d'un salarié affilié à un syndicat concurrent (l'USOENC, plus représentatif que l'USTKE qui considère que le syndicalisme n'est important que lorsque ce lui et lui seul qui en porte les couleurs), puis pour le non paiement des jours de grève alors qu'Aircal est au bord de la faillite. Ajoutons à cela que le patron d'Aircal, un Kanak, a été traîné dans la boue à coups d'injures racistes de l'USTKE, et que les premières victimes de cette obstination aveugle ont été les Kanak des îles qui ont été coupés de tout, jusqu'à une pénurie de médicaments. Ironie, les manifestations contre l'USTKE ont rassemblé très largement toute la population, Kanak compris, et à Maré Lifou les gendarmes sont intervenus essentiellement pour protéger les militants USTKE contre la population (elle est belle, n'est-ce pas, la police coloniale) !

Gérard Jodar et les illuminés qui le suivent comme un gourou sont dangereux. Il ne s'agit absolument pas de syndicalisme, mais de délinquance avec une arrière-pensée claire : le conflit permanent comme source de division au profit des indépendantistes. Lorsqu'un conflit, parti sous des prétextes fallacieux, est stoppé par la justice, il s'agit pour eux d'en inventer un autre, de rallumer le feu comme on allume une cigarette au cul d'une autre. C'est de la politique, une sorte de bras armé du Parti Travailliste qui est son pendant politique.

Michel Rocard a rappelé ici même que la Nouvelle-Calédonie peut rebasculer dans la guerre civile à tout moment si l'on ne traite pas systématiquement les manifestations de violence et de rupture du dialogue qui ont lieu régulièrement. Il a hélas entièrement raison.

Bien sûr les gardiens de la révolution qui portent l'anti-racisme en bandoulière quand ça les arrange auront tôt fait de me qualifier de zoreille, ce qui ne manquera pas d'ironie. En attendant, les zozos de métropole qui parlent de colonialisme à propos de l'application de la justice ici feraient bien de se renseigner avant de raconter n'importe quoi.