Droit à l'anonymat sur internet ?

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Je n'ai pas signé la pseudo pétition qui circule en ce moment sur un hypothétique « droit à l'anonymat ». Elle fait suite à une proposition de loi du sénateur Masson, qu'un attaché parlementaire qu'on peut difficilement soupçonner de gauchisme qualifie d'hurluberlu puis d'incompétent maladroit.

J'ai failli, mais le système sur laquelle elle tourne est tellement mal fichu qu'il m'invite à entrer un pseudonyme librement, pour ensuite le refuser en prétendant qu'il est déjà pris (je vous passe les détails, c'est une erreur de conception du site qui prend une saveur ironique avec le sujet).

Et puis j'ai repris mes esprits et la raison m'est revenue.

D'abord il y avait quelque chose qui me gênait aux entournures, outre l'amateurisme de la pétition, mais je n'ai confirmé cette gêne qu'en voyant que je n'étais pas le seul à trouver la ficelle publicitaire un peu grosse. En particulier lorsque ladite pétition est promue par les patrons des principales plateformes de blog, dont on sait qu'ils obéissent à la loi actuelle (LCEN) sans sourciller, et la dépassent parfois avec zèle.

Ensuite il y a un choix de mots, que l'ami Tristan ne semble pas voir, qui est tout simplement trompeur. Il n'existe pas de droit à l'anonymat sur internet. Et si vous croyez que signer une pétition va changer ce fait, je peux vous rassurer sur une seule chose : votre naïveté ne sortira pas d'internet. Vous ne me croyez pas ? Peut-être croirez-vous un juriste lorsqu'il confirme que sur internet l'anonymat n'existe pas.

Enfin, quand on entend le sénateur Masson s'exprimer sur l'anonymat, on se dit qu'on n'a pas grand chose à craindre de quelqu'un d'aussi déconnecté (pouf pouf) de la réalité. Je rejoins Me Eolas sur le thème « pas de panique ».

Je suis résolument contre la proposition du sénateur Masson. Mais la revendication d'un « droit » à l'anonymat dans la communication en ligne me semble être l'extrême inverse. Si la proposition de loi de M. Masson a très peu de chances de franchir les portes du sénat pour passer celles de l'assemblée nationale, un droit à l'anonymat sur internet n'a rigoureusement aucune chance de voir le jour. Je laisse en exercice au lecteur le soin d'expliquer pourquoi, dès lors qu'il s'agit de liberté d'expression dans une société, le parfait anonymat sur internet n'est pas envisageable.

P.S. Au chapitre malhonnêteté intellectuelle, on apprend que pour notre sénateur, l'anonymat c'est comme la morale, c'est uniquement celui des autres qui le gêne. Lire cet article du NouvelObs : quand le sénateur cachait son identité. Edifiant !