De la quasi-neutralité du réseau

Un angle de comparaison que j'aime bien pour ça, c'est la résistance. Pour moi, le chiffrement est un outil puissant, utile, qui a entre autres propriétés utiles celle de pouvoir passer les contrôles de la police facilement. C'est donc un outil générique, mais tout spécialement utile quand on veut entrer en résistance. Or, une société qui pousse une majorité de la population à vouloir utiliser des outils de résistants, c'est une société qui va mal, qui tend trop vers Big Brother. Et je trouve que cet angle d'analyse est intéressant. Pour le moment, une toute petite minorité de nos concitoyens jugent utile de chiffrer leurs communications pour échapper à la police, et je trouve que c'est un indice que notre société marche à peu près convenablement. Si on pousse la majorité des gens à faire la même chose juste pour pouvoir discuter librement, et partager une culture commune (par exemple) alors on marche complètement sur la tête.

Extrait des commentaires du billet de Benjamin Bayart, colloque de l'Arcep - Quasi-neutralité. C'est long, mais très intéressant à lire dans le cadre de l'actuel débat sur la neutralité du réseau internet. [Via le chevalier blanc @jmplanche qui en a beaucoup à dire aussi sur le sujet sur son blog qui fait mal aux yeux (je vous aurais prévenus :p).]

Contexte : Nathalie Kosciusko-Morizet a lancé le 9 avril 2010 une consultation publique sur la neutralité du Net. Si vous pouvez passer outre le fait qu'il faut charger un fichier PDF dont le nom est "consneutralitenet" (je n'invente rien), vous avez jusqu’au 17 mai 2010 à 14 heures pour exprimer votre opinion.

Pour rester dans l'aspect politique du sujet, je relis ma question sur le programme TIC des candidats — « Que comptez-vous faire pour que la France soit parmi les pays les plus attractifs pour la création et le développement de l'économie numérique ? » — et les doutes que j'ai exprimés sur leurs réponses restent malheureusement bien présents. Trois ans plus tard, à quoi assistons-nous ? A un arsenal purement répressif, dont tous les geeks connaissent l'inefficacité technique et les moyens de contournement pour la HADOPI, et qui pousse aussi bien l'honnête citoyen lambda que les pirates-terroristes-pédopornographes-islamistes-vilains-méchants à utiliser tous les moyens techniques à leur disposition pour échapper à la surveillance de gens en qui ils n'ont aucune confiance. Et je ne leur donnerai pas tort, tant je suis d'accord avec la maxime qui veut que quiconque cède une liberté en échange d'une éphémère et hypothétique sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre.