20 signes que vous ne voulez pas de ce projet de design web

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(Ceci est la traduction française de 20 signs you don’t want that web design project par Jeffrey Zeldman, avec son aimable autorisation.)

La plupart des clients sont de bons clients, et certains sont d'excellents clients. Mais certains boulots ne se dérouleront jamais correctement. Voici quelques indicateurs qu'un projet pourrait aller dans le mur. Garantie : tous ces incidents sont du vécu.

  1. Le client demande qui a fait le design de votre site web.
  2. Le client vous fait faire le tour du propriétaire, vous présentant à tous ses employés. Puis, derrière portes fermées, vous dit : « Si vous faites du mauvais boulot avec ce site web, je devrai licencier ces gens. »
  3. Le client met six mois à répondre à votre proposition, mais ne change pas sa date de livraison.
  4. Au début de la réunion de prise de connaissance, le client vous apprend que son entreprise vient d'être rachetée.
  5. Le client, qui fabrique des poupées russes, exige de savoir combien de sites de poupées russes vous avez conçu.
  6. A la réunion à laquelle vous vous êtes rendus par vos propres moyens, le client vous informe qu'il n'a pas de budget en soi, mais est ouvert à un « échange de services ».
  7. Le client ne peut formuler le moindre besoin utilisateur. Il est également incapable de formuler une stratégie business, une stratégie online, une raison pour le site d'exister, un but ou une métrique pour améliorer le site. Malgré tout cela, le client a conçu ses propres gabarits détaillés.
  8. Alors que la réunion de prise de connaissance est sur le point de se terminer, le type en bout de table, qui n'a pas pipé mot depuis une heure et 55 minutes, ouvre soudainement la bouche.
  9. En se penchant ostensiblement en avant, le client vous dit qu'il sait que son site « craint » et admet assez franchement qu'il ne sait pas quoi faire. Il vous demande comment vous aborderiez ce problème. Alors que vous commencez à répondre, il se met à parcourir ses messages sur son Blackberry.
  10. Le client annonce qu'il est un « visionnaire » et qu'il ne sera pas impliqué dans la « minutie » du design du site. Il déclare que son employé, le contact client, aura « tout pouvoir » pour approuver chaque livrable.
  11. A la veille de la livraison, le « visionnaire » précédemment non impliqué, envoie des dessins de son idée d'à quoi le site doit ressembler. Ces dessins n'ont rien à voir avec les recherches utilisateurs que vous avez menées, ni avec les recommandations approuvées, ni avec les gabarits approuvés, ni avec le design final approuvé, ni avec le design des pages supplémentaires approuvé, ni avec les gabarits HTML approuvés que vous êtes en train d'intégrer dans le système de gestion de contenu.
  12. Votre client favori, avec qui vous avez toujours bien travaillé, a un nouveau patron.
  13. Le client veut « du web 2.0 » mais est incapable d'articuler la moindre stratégie business ou but utilisateur.
  14. Peu avant la livraison, l'entreprise vire votre client. Un assistant surchargé prend la relève. Le nouveau site n'est jamais lancé. Deux ans plus tard, une nouvelle personne qui a repris le job de votre client vous envoie un courriel pour vous inviter à refaire le design du site web.
  15. Le client envoie un appel d'offre de 40 pages, incluant une série de diagrammes approuvés en comité et faits sous Microsoft Art.
  16. Le client vous dit avoir conduit une étude ergonomique avec sa femme.
  17. Le client démarre la première réunion par un grand numéro pour vous dire que vous êtes l'expert. Vous êtes aux commandes, dit-il : il s'en remettra à vous en toutes choses, parce que vous comprenez le web et lui non. (Croyez-en l'oncle Jeffrey : ce gars va micro-manager chaque cheveu sur la tête de ce projet.)
  18. Alors que la version approuvée et épurée de l'« application web de réseau social » est sur le point de sortir, un mec du marketing jusqu'ici non impliqué commence à vous dire à vous, à votre client et au patron de votre client que le look minimaliste « ne me bluffe pas ». Une discussion sur ce que les utilisateurs du site âgés de 18 ans veulent, supporté par un travail de recherche, n'entame pas la détermination de l'homme de marketing de 52 ans d'exiger une refonte totale du design, pourtant approuvé, plus adaptée à sa propre sensibilité esthétique.
  19. Alors que le travail d'intégration est pratiquement terminé, le client repense l'architecture.
  20. Le client veut le meilleur. Après lui avoir dit combien le meilleur coûte, il demande si vous pouvez faire un prix. Vous révisez la proposition à la baisse mais, sans révéler de budget ou donner la moindre indication de ce qui serait viable pour lui, le client vous demande de la réduire encore. Après 40 heures d'allers-retours en négociations, le client vous demande si vous pouvez juste faire le design de la page d'accueil sur Photoshop.

NdA : je confirme le vécu de tout ça, et je ne peux m'empêcher de faire un parallèle avec ma dernière présentation à Paris Web 2008, qui montre les travers de l'autre côté du miroir, côté client. Pour l'anecdote, j'ai réussi à convaincre Jeffrey Zeldman et Douglas Bowman de travailler sur le redesign d'un gros site en prenant bien soin d'éviter à peu près la moitié de la liste ci-dessus :p, sinon je savais d'avance qu'ils nous auraient envoyés sur les roses. Travailler avec des freelances de ce calibre est un pur bonheur, et certains seraient surpris de constater que c'est souvent moins cher que les grosses agences, encore faut-il les convaincre que votre projet vaut le coup et que vous les laisserez vous donner le meilleur d'eux-mêmes sans interférences nuisibles (ça s'applique aussi aux agences). Le parallèle n'est donc pas fortuit !