Pierre Le Coz, vice-président du Comité national d'éthique, piégé par Le Point

Le mal-journalisme n'est finalement peut-être pas qu'un problème de saison où les tôliers laissent les clés à n'importe qui pendant les vacances. Le Point nous offre un brillant exemple en déformant complètement les propos de Pierre Le Coz, vice-président du Comité national d'éthique, pour lui prêter une thèse politique qui sert la ligne du journal mais est aux antipodes de la position de l'interviewé.

Le schmilblick en ligne :

Mes premières expériences avec la presse datent de 1989 (à l'exception d'un bref passage à la télé en 1986 pour un événement sportif). Je travaillais dans un domaine de haute technologie, la stéréolithographie (prototypage rapide par impression en trois dimensions), et j'étais absolument effaré de voir comment les journalistes déformaient mes propos, qui n'étaient que des chiffres scientifiques qui ne se prêtent pas aux jeux de saupoudrages aléatoires et de réécriture à base de synonymes qu'ils affectionnent tant. Plus tard j'ai expérimenté la même chose dans les domaines de la politique ou du business, toujours avec une grande méfiance de ce qui allait en sortir.

Comme tous les métiers, le journalisme a ses bons et ses mauvais éléments. Comme tous les métiers peu valorisés et mal payés, il a une proportion significative de gens qui le pratiquent sans passion, pour une raison purement alimentaire. Il faut le savoir, et toujours partir du principe qu'un journaliste fera n'importe quoi avec vos propos. Et dès lors, sans être paranoïaque, rester vigilant sur ses intentions et celles de son journal.

Une règle que j'ai imposée au fil du temps, est de systématiquement demander la relecture des propos qui me sont attribués. On me l'a rarement refusé ces dernières années (sauf ceux qui ont l'habitude de bâcler un papier la veille pour le lendemain). Ça me semble être le minimum acceptable, entre une exigence de relecture complète de l'article qui serait une atteinte à la liberté de la presse, et l'abandon total de sa propre parole dont on sait qu'elle peut-être dévoyée par des brebis galeuses du journalisme. Certains journalistes se plaignent qu'il devient de plus en plus difficile de recueillir des témoignages. Ils n'ont pas à chercher bien loin pour savoir pourquoi, et ce qu'ils doivent faire pour regagner une confiance qui se perd de plus en plus et qu'ils détruisent par eux-mêmes.