Denis Baupin fier de l'expérience du boulevard de Magenta

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Parmi les choses que je n'aime pas dans les campagnes électorales, il y a la retape des candidats sur les marchés. Quand je vais au marché, la seule chose qui m'intéresse c'est d'arriver à faire mes courses rapidement et sans me faire agresser par les grand-mères qui se promènent à quinze centimètres heure au beau milieu du maigre passage et vous tapent dessus en hurlant à chaque fois que vous les frôlez (ça semble être une spécialité du marché de Charonne). Alors quand vous ajoutez les militants et la distribution de tracts au milieu de tout ça, ça n'aide pas. Certes, au marché, j'aime tâter la marchandise, mais j'ai mes limites tout de même, et même ma tripière favorite ne me laisse pas toucher la viande froide.

Or doncques, samedi dernier j'étais au marché Charonne, affublé de mon vélo car sur le chemin du retour d'une soirée débridée. Alors que je patiente devant l'étal de ladite tripière, je me fais apostropher par un "Ah, un cycliste, regardez tout ce que les Verts ont fait pour le vélo !". Je me retourne en répondant que je n'ai pas attendu les Verts pour rouler à vélo. Et pour une fois que mon esprit d'escalier est resté dans l'escalier, j'en profite pour dire « Vous direz à Denis Baupin que le boulevard de Magenta, c'est une tuerie. »

Je comprends immédiatement aux yeux ronds et à la bouche bée de la dame qui accompagne le porteur de tracts que j'ai Denis Baupin en face de moi, ce que me confirme le quidam avec un sourire amusé. Je lui dit donc tout le bien que je pense de son couloir de la mort et du parcours soi-disant "civilisé", en ajoutant que rien ne vaut un simple couloir de bus en site propre. Il commence sur un mode défensif en prétendant que le boulevard Magenta est une réussite et qu'il l'emprunte tous les jours à vélo sans aucun problème, puis — devant mes dénégations et celles, montantes, de mes voisins — que les piétons sont plus respectueux qu'avant, puis se défausse finalement sur... Bertand Delanoë ! Lequel lui aurait interdit de peindre la piste en vert. Je lui réponds que ça ne servirait à rien, parce que le piéton parisien marche le nez en l'air et ne regarde pas où il va (la faute aux moto-crottes, si on avait gardé la tradition de ville aux murs chargés d'histoire et aux trottoirs couverts de crottes de chien, le piéton parisien ferait aujourd'hui plus attention à ce qui l'entoure que le pigeon parisien). Quelques personnes autour de moi prennent mon parti (pas toujours pour les mêmes raisons, une vieille pie liftée et permanentée devant moi se plaint que « si Madâme de Pannafieu n'était pas allé chercher l'autre andouille de Séguin elle aurait gagné la fois précédente », elle était tellement bloquée dans sa rengaine "j'ai toujours voté à droite et j'ai 75 ans !" que la tripière m'a servi avant elle). Il termine sa défense par un « On n'a plus le droit d'expérimenter ? » Ce à quoi je réponds que si, bien sûr, mais qu'on n'est pas obligé de répéter les erreurs et qu'ils seraient bien avisés de ne surtout pas reproduire le modèle du boulevard de Magenta ailleurs dans Paris.

Mon esprit d'escalier étant revenu, je n'ai pas eu la présence d'esprit de lui dire de taper "baupin magenta" dans Google. Avec Veuve Tarquine et moi, Denis Baupin et son expérimentation du boulevard de Magenta sont en bonne compagnie en première page :-). J'ai quand même voulu terminer l'échange sur une note positive, parce que je ne déplace pratiquement plus qu'à vélo dans Paris et que c'est bien agréable.

Pour rappel et illustration du problème que pose le parcours (qui n'a de civilisé que le nom) chez ma camarade à deux roues : Eclat de rire, Le plus court chemin pour aller de vie à trépas : la piste cyclable du boulevard Magenta, avec les travaux pratiques.

Ceci dit, je dois avouer que l'exercice auquel se prêtent les candidats n'est pas facile et demande une bonne dose de masochisme sinon de courage. A un moment, je crois que c'était la vieille pie, quelqu'un lance à Denis Baupin « Paris est devenue invivable », ce à quoi il a répondu du tac au tac « Eh bien quittez la ! ». Pas fin, mais pas surprenant non plus compte-tenu de la vivacité de l'échange. Au moins, même dans l'adversité, il a su rester poli.

Quant à moi, la prochaine fois je rentre garer mon vélo avant d'aller au marché.