Le fabricant hollandais d'ordinateurs de vote Nedap perd sa certification aux Pays-Bas !

Trois jours après la publication d'un rapport préconisant le retrait des ordinateurs de vote électronique aux Pays-Bas, le gouvernement hollandais a retiré son agrément sur l'ensemble des machines Nedap, qui équipait une écrasante majorité des bureaux de vote bataves. Ce sont 8000 machines du fabricant hollandais qui viennent d'être mises hors circuit le 1er octobre 2007, et ceci dans leur pays d'origine !

Le mouvement citoyen hollandais « nous ne faisons pas confiance aux ordinateurs de vote » se réjouit en ces termes :

Les ordinateurs de vote sans papier ont envahi notre système électoral depuis le milieu des années 80, créant un sentiment profondément enraciné que tout-va-bien-avec-eux. Ceci nous a rendu la tâche difficile. Nous avons examiné l'ordinateur de vote hollandais, le modèle Nedap/Groenendaal ESB3 précédemment utilisé dans 8 bureaux sur 9, et prouvé qu'il n'était pas sûr. Pour des raisons politiques, avec des élections générales approchantes, le ministre en charge n'a alors pas voulu prendre de décision. Bien que frustrant pour nous, il a en fait déclenché une suite favorable : deux commissions furent formées, la première devant déterminer s'il y avait des responsables à cette débâcle. L'autre devant effectivement déterminer si nous avions raison en ce que les élections aux Pays-Bas étaient viciées. La première commission a dit, en gros, que personne n'était à blâmer. La seconde, la commission Korthals Altes, a rendu un rapport qui stipule que nous avions raison tout le long et que le système doit être changé.

Nous sommes fiers d'avoir eu cet impact. Les élections démocratiques sont Vraiment Vraiment Vraiment importantes. Les ordinateurs de vote sans trace papier permettent une fraude électorale à une échelle effrayante, un petit groupe de personnes peut faire pencher l'élection dans le sens qu'il veut. Notre initiative, similaire à d'autres mouvements à travers le monde, a permis d'écarter ce risque dans notre pays. Les Pays-Bas ont rejoins le nombre grandissant de pays et d'états américains qui exigent une trace papier de chaque vote. La Californie vient de rejeter les ordinateurs de vote dans leur ensemble. Le conseil électoral britannique veut stopper tous les projets pilotes de vote électronique. L'Irlande a rejeté les ordinateurs de vote hollandais à cause de leur insécurité. Le Québec et l'Italie ont décidé d'abandonner l'utilisation d'ordinateurs de vote. En réponse à notre travail de recherche sur les machines Nedap, l'Allemagne a commencé à questionner leur usage. Dans beaucoup de pays les gens protestent contre les ordinateurs de vote.

Nous sommes heureux de voir la commission Korthals Altes partager notre point de vue : « voter en confiance » ne se fait pas sur des boites noires qui comptent les votes, mais nécessite la transparence qui ne s'obtient que grâce aux bulletins en papier.

Les élections sur bulletins papier sont de retour partout dans le monde.

Il faut être clair et ce fait est connu depuis longtemps : les machines Nedap, qui forment le gros de l'équipement français pour les communes qui ont fait l'erreur de choisir le vote électronique, ne sont pas sécurisées et peuvent être piratées. Pour cette raison, la Hollande et l'Irlande à elles seules viennent de rayer de la carte 75% du parc mondial(*), alors pourquoi devrions-nous les subir en France ? Par le même miracle qui a voulu, par la grâce de notre supériorité universelle, que le nuage radioactif de Tchernobyl n'a pas traversé nos frontières ?

Il reste de l'espoir cependant. Après l'avis négatif du Conseil constitutionnel, le Sénat vient tout juste d'annoncer la publication d'une étude de législation comparée sur le vote électronique dont la conclusion est claire : « De façon générale, le vote électronique ne paraît pas répondre aux espoirs qu'il a nourris. »

Pour ma part, je maintiens l'affirmation qu'en France le vote électronique est une mauvaise solution à un problème qui n'existe pas. L'espoir évoqué par les sénateurs n'étant nourri que par une poignée de technocrates du ministère de l'intérieur, quelques élus peu éclairés et tous les fabricants de machines. Auraient-ils un tant soit peu pris en compte l'électeur qu'ils nous auraient évité ce scandaleux fiasco, à défaut d'avoir simplement observé les problèmes qui étaient déjà apparent dans le reste du monde avant même qu'on nous impose ces machines. Si moi j'ai pu le faire sans moyens particuliers depuis trois ans, pourquoi en sommes-nous là aujourd'hui, et à qui la faute ? Faudra-t-il que la pétition citoyenne pour le maintien du vote papier dépasse les 100 000 signatures (elle approche les 90 000 à l'heure où j'écris ces lignes) pour que quelqu'un se décide à remettre de l'ordre dans ce merdier ?

J'avais écris ceci il y a quatre mois en me demandant si Nedap allait bientôt être hors course : « Ca me confirme dans l'idée que j'avais depuis un certain moment, cette société, dont le consortium de tête a un comportement de fuite en avant pour le moins inquiétant, n'a d'autre échappatoire que de vendre le maximum d'exemplaires d'un modèle dont l'obsolescence est aussi acquise que celle d'un melon du mois dernier laissé en plein soleil. Et tous les moyens sont bons pour vendre, y compris livrer des machines non agréées, pratiquer le chantage, raconter n'importe quoi, faire de la désinformation... ». Le moins qu'on puisse dire est que leur avenir est scellé, tout comme celui de toutes les boites noires actuellement agrées en France, et je plains les communes française qui vont payer les pots cassés des décisions malheureuses de quelques apprentis sorciers.

Note :
(*) Je cite Pierre Muller en commentaire ici : « 75% des Nedap vendus qui deviennent inutilisables, cela devrait faire réfléchir (France Election est très fier des 20 000 ordinateurs Nedap vendus à travers l’Europe : il va donc falloir retirer les 7500 de l’Irlande et les 8000 des Pays-Bas). »

[Merci à Jean-Marc Manach chez qui j'ai repéré le rapport du Sénat]