Vote électronique en Ecosse, du bug au scandale politique

Le bug du vote électronique en Ecosse est en passe de se transformer en scandale politique. La BBC vient de révéler que sur les quelques 140 000 bulletins qui ont été invalidés, plus de la moitié l'ont été de manière automatique et silencieuse par les machines sans que les personnes responsables de la surveillance du scrutin ne puissent s'en apercevoir et vérifier (et encore moins approuver) ces annulations de vote. Le parfait syndrome de la boite noire. Le premier ministre Alex Salmond se dit profondément perturbé par les développements « étonnants » de cette affaire, le secrétaire du cabinet fantôme (conservateur) David Mundell se dit effondré et accuse le gouvernement écossais en des termes choisis :

Plutôt que de lever la main et dire "nous nous sommes complètement plantés dans cette histoire et nous présentons nos excuses au peuple écossais", ils ont simplement continué à montrer arrogance et mépris, comme si d'une certaine manière tout ceci n'avait rien à voir avec eux.

Le Scotland Office se défend en renvoyant la patate chaude sur d'autres lampistes. On se croirait en France.

Mais le plus pathétique pour moi dans cette affaire, chose que ne relève pas clairement la BBC si ce n'est en citant le porte-parole des Verts écossais qui demande à ce que tous les bulletins soient examinés, c'est que bien que les résultats se sont faits avec des différences de voix bien moindres que les 70 000 bulletins silencieusement annulés, il n'est pas envisagé de recompte alors même qu'il existe une trace papier ! Vous avez bien lu, malgré la présence d'une trace papier, on préfère étouffer politiquement le fiasco du vote électronique en Ecosse plutôt que de comptabiliser fidèlement les suffrages réellement exprimés. Gardez bien ceci en tête lorsque le débat en France va subtilement changer avec l'idée que l'introduction d'une trace papier est la réponse miracle à tous les problèmes du vote électronique.

Chez nous le Ministère de l'intérieur fait tout pour se cacher derrière de pseudos experts privés, ou roule le Conseil Constitutionnel dans la farine. Pendant ce temps, les maires se font avoir aussi bien par le ministère que par les fabricants d'ordinateurs de vote (qui chez nous aussi vendent sciemment des machines non conformes). Et les juges, qui n'y comprennent rien mais sont passés maîtres dans l'art de ne pas toucher aux bâtons politiques merdeux, ne mouftent pas.