Traduction en français du langage commercial de M. Grégoire Reyns

Ceci est une parodie dans le style de John Gruber[1], une traduction en français du discours commercial de Grégoire Reyns[2].

Trop de catastrophisme autour des machines à voter

On n'est pas dans la merde...

L'enjeu de la machine à voter est de garantir un résultat exact dans une atmosphère sereine à l’issue des scrutins.
Totalement neutre, la machine assure un vote plus fiable et plus sûr que le papier.

Dormez, tout va bien.

Au milieu du bruit entretenu par les opposants aux machines à voter,

Je ne peux pas répondre à leurs arguments donc on va dire que ce n'est que du vent.

on oublie souvent la raison principale de l'utilisation des machines à voter : obtenir un résultat exact dans un délai raisonnable.

Avec mes machines, plus besoin de s'emmerder deux heures après la clôture du scrutin, parce que travailler plus pour rien gagner, c'est nul.

Alors certes, les machines à voter permettent un allègement non-négligeable de la charge de travail nécessaire à la préparation des élections, à leur mise en oeuvre ainsi qu'à leur exploitation dans les bureaux de vote jusqu'au dépouillement (plus besoin de scrutateurs que les membres des bureaux de vote ont de plus en plus de mal à trouver, d'ailleurs).

Ne vous embêtez pas à chercher des volontaires bénévoles, payez-moi pour faire leur boulot.

Mais l'enjeu, que permet de garantir les machines à voter, c'est un résultat exact dans une atmosphère sereine à l'issue des scrutins.

Au contraire du vote papier qui sert à frauder et faire des batailles de confettis.

Une machine est totalement neutre.

Tout le contraire de moi !

Chaque électeur peut donc être rassuré vis-à-vis de la bonne prise en compte de son vote.

Dormez, tout va bien.

Aujourd'hui, les opposants aux machines à voter ont entretenu un climat de suspicion et de doute vis-à-vis des machines à voter, alors que celles-ci sont plus fiables et plus sûres que le vote papier.

J'ai un stock de machines à écouler qui sont devenues invendables dans d'autres pays et ces andouilles me cassent la baraque.

Ils dénigrent en permanence les procédures d'agrément alors que celles-ci permettent de garantir le bon fonctionnement des machines à voter.

Je sais qu'un simple agrément ne peut pas garantir le bon fonctionnement de toutes les machines sur le terrain, sinon je ne pourrais pas vendre mes contrats de maintenance, mais c'est le seul argument d'autorité auquel je peux m'accrocher.

Le Bureau Véritas, qui a agréé notre modèle de machine à voter NEDAP ESF1, a même eu accès au code source de la machine à voter.

On voulait pas, mais ils ont insisté.

Ceux qui réclament des logiciels libres veulent placer les informaticiens dans une situation dominante vis-à-vis des autres citoyens, ce qui serait anti-démocratique.

Alors que chacun sait que le secret industriel c'est beaucoup plus démocratique.

L'Etat est le seul garant du bon fonctionnement des institutions.

On a roulé le Conseil constitutionnel dans la farine, le Ministère de l'intérieur en rit encore.

Et lorsque l'Etat met en place des procédures d'agrément ou de certification pour des produits industriels sensibles (médicaments, transport aérien, machine à voter), il faut que les gens aient confiance en ces procédures de certification, sinon nos démocraties deviendront ingouvernables.

Si les gens avalaient gentillement l'étiquette "conforme" sans se poser de questions, on pourrait faire notre business tranquillement. C'est vrai quoi, c'est pas comme si ça tuait des gens, les machines à voter.

Aujourd'hui, les opposants aux machines à voter tentent de jeter le discrédit sur ce fonctionnement.

On a pourtant tout fait pour qu'il n'y ait pas de débat public.

Nous espérons que les médias finiront par faire le tri entre ceux qui sont contrôlés et ceux qui ne font qu'agiter.

Le peuple c'est un troupeau de moutons et quelques agités. Si seulement les journalistes se contentaient de recopier nos communiqués de presse, les moutons seraient bien gardés.

Le premier tour des élections présidentielles a démontré que tous les modèles de machines à voter n'étaient pas aussi simples à utiliser.

Nos concurrents font de la merde.

Cela va donc demander quelques ajustements à certains fabricants dans leurs produits et leurs méthodes.

Nous n'avons pas l'intention de changer quoi que ce soit à nos machines et nos procédures.

Il y a eu pour notre part 1 500 bureaux de vote en fonction lors de ce premier tour. L'écrasante majorité de nos utilisateurs sont ravis de notre solution de vote électronique.

Heureusement que c'est trop long d'enregistrer une plainte, que certains présidents de bureau de vote ont refusé de le faire et que certaines mairies ont refusé qu'on consulte les procès-verbaux de l'élection.

La plupart ont expérimenté des phénomènes de file d'attente, mais pas plus que les bureaux de vote "papier", en raison de la participation exceptionnelle. Les villes qui ont eu des problèmes de file d'attente exceptionnelle (> 1 heure) ont constaté que ce n'était pas la machine qui était en cause, mais une population trop importante de leurs bureaux de vote.

Le problème, c'est pas nos machines, c'est les électeurs qui veulent voter.

Un bureau de vote en France doit contenir entre 900 et 1 000 électeurs. Nous considérons que 1 100 reste un chiffre raisonnable. Partout où il y a eu des problèmes importants, il y avait entre 1 300 et 1 500 électeurs inscrits, ce qui devient problématique en cas de forte participation.

Vous gérez mal votre cheptel.

Les mêmes problèmes se sont posés dans des villes comme Rennes ou Paris, qui n'ont pas de machine à voter aux dernières nouvelles.

Quand je pense au chiffre d'affaires que je pourrais faire à Paris, je bande !

Alors qui croire, les personnes qui manipulent l'information et qui font du catastrophisme autour des machines à voter ? Ou les villes qui les utilisent et qui veulent continuer à les utiliser ? Une fois de plus, la vérité viendra du terrain.

Quand j'entends l'expression "machine arrière" je sors mon revolver.

La machine à voter NEDAP ESF1 remplace avantageusement le vote papier, aussi bien en termes d'allègement de la charge de travail (et donc de coût), que de facilité d'utilisation (de nombreuses personnes âgées disent que c'est plus simple que le vote papier !), que de précision dans les résultats.

Les hypermarchés sont en train de supprimer les caissières, suivez l'exemple du progrès.

La problématique électorale est complexe, il serait intéressant de demander leur avis à ceux qui la maîtrisent : les responsables d'organisation des élections.

Parce que les moutons, ça ne fait que bêler bêtement.

P.S. Laurent Godard a également publié son point de vue sur ce publi-reportage du JDN ;-).

Notes :

[1] Cf. ses Translation From PR-Speak.

[2] Pour ceux qui ne le connaissent pas, M. Grégoire Reyns travaille pour la société France Election, importateur des ordinateurs de vote Nedap en France. Il est aussi célèbre pour sa vision avant-gardiste de la liberté d'expression sur internet, vision qui, en sa qualité de vendeur de machines, le place dans une position aussi légitime que désintéressée pour donner des leçons de démocratie. C'est aussi le gardien exclusif du savoir sur les machines à voter, par opposition à nous qui « comme beaucoup de français, [parlons] sans savoir ». Le Journal du Net ne pouvait pas trouver mieux pour sa "tribune d'expert", on va voir s'ils continuent leur travail de journalistes ou si, comme le souhaite M. Reyns, ils font « le tri entre ceux qui sont contrôlés et ceux qui ne font qu'agiter ». Plus je lis ce qu'il écrit, plus je pense que M. Reyns est le meilleur allié d'ordinateurs de vote !

Pétition pour le maintien du vote papier
Actuellement signatures !