Le service public au secours de l'économie

Hier soir à la conférence Demain tous Media, Jean-Michel Billaut a dit quelque chose d'intelligent(*) en proposant que l'Etat déploie de la fibre optique et du WiMax (quoi que ?) partout pour apporter le (vrai) haut débit dans tous les foyers. Cela ouvrirait la voie à une multitude d'applications innovantes et à l'émergence, en avance sur les autres pays, d'entreprises qui pourraient exporter leur production, leurs services, leur savoir-faire (sans compter tout ce que nous, citoyens, pourrions faire d'intelligent, d'amusant, de créatif voire de subversif avec autant de débit en retour dans la plomberie internet mondiale).

Il y a près de trente ans, le jeune Valéry Giscard D'Estaing (qui pourtant avait déjà l'air vieux, était de droite et qu'on pouvait difficilement soupçonner d'avoir des tendances collectivistes) décidât qu'il fallait un téléphone dans chaque foyer français. Il imposât un accès universel avec des frais uniques (de mémoire : 200F qu'on habite à deux mètres ou vingt kilomètres du central téléphonique) voire gratuit pour les vieux (qu'on n'appelait pas encore le troisième âge). C'est grâce à cette décision que ma grand-mère a eu le téléphone au fin fond de sa Picardie, gratuitement au lieu de cent fois le montant de sa maigre pension d'agricultrice.

Aujourd'hui, nous sommes exactement dans la même situation. Il suffirait d'un peu de courage politique pour doter la France d'une infrastructure de communication moderne, en avance sur son temps et surtout indispensable pour avoir quelque avantage compétitif dans un monde où l'information devient matière première. Certes, quelques entreprises en feront les frais, je pense à des Free et autres FAI, mais ce ne sont que des barrières d'octroi, une nuisance plus que des catalyseurs, des empêcheurs d'excès de vitesse sur internet. Tout ce que la collectivité a à y gagner vaut très largement le sacrifice d'une poignée d'intérêts isolés. Certains l'ont compris et agissent.

(*) Il dit souvent des choses intelligentes M. Billaut. Sauf quand il fait des remarques déplacées, limite homophobes, sur la voix fluette d'un élu du sud-ouest.