Navipago

Publié le :

En des temps immémoriaux (du point de vue de l'histoire de la blogobille, ParisCarnet n'existait même pas, c'est dire !) je vous disais qu'on n'arrête pas le progrès à la RATP et vous exposais les joies du passe Navigo.

Dans ce billet, je vous faisais bénéficier de mon immense clairvoyance (des fois je me dit que je ne mérite pas) en prédisant la disparition progressive de l'infâme barrière à billets. Or doncques, les stations parisiennes qui n'ont pas de portillon exclusif Navigo se font de plus en plus rares, le piège se referme lentement sur ces formes de vie dénuées de sens commun que sont les pousseurs de carton (que Fulgence Bienvenüe aie pitié d'eux). Signe que les lemmings ont un vague sens de l'observation (ce qui est parfaitement contre-intuitif quand on voit leur incapacité à se déplacer ou s'orienter de manière cohérente), ils sont de moins en moins nombreux à jouer les poules qui ont trouvé un couteau, le ticket à la main et l'air à la con devant le portillon Navigo.

Eh bien chers amis, en espérant que je vous ai fait bien rire, je me dois d'avouer que ce soir, à la station Charles de Gaule - Etoile, je me suis fait piéger par surprise. J'aurais dû me méfier de cette barrière, car elle montrait bien le signe évident de ces barrières qui vous coincent dans leur tourniquet arthritique qui ne revient jamais en place sauf au moment où vous validez votre titre de transport pour mieux refuser de s'ouvrir ensuite. Ca n'a pas raté, alors que la barrière passe au vert dans un petit bip de contentement, paf ! je me ramasse dans le portillon pendant que le tourniquet signale à mes cuisses son refus le plus strict de bouger d'un poil. Regard penaud vers les quatre lemmings derrière, "désolé, je vais repasser le pass, s'pas ?". Et là, consternation, une croix rouge et un "blèèèh" rauque me signalent que cette barrière refuse mordicus de me laisser passer. Les lemmings, en rang d'oignon, se décalent sur la barrière d'à côté. Moi aussi, mais même motif, même punition, celle-là non plus ne me laisse pas passer.

J'ai dû me résoudre à l'impensable. Sortir le coupon de secours, et, enfer et putréfaction, le pousser dans la fente ! La honte.

Tout ça parce qu'un crétin a changé le paramétrage jusqu'ici en vigueur qui permettait de passer plusieurs fois le pass pour se sortir de ce genre de situation. J'imagine bien que certains utilisent cette possibilité pour frauder (que Fulgence Bienvenüe les maudisse), mais quand on voit la quantité de barrières défectueuses dans le métro, c'est d'une stupidité sans nom.

Ironie de l'histoire, en sortant à la station Alexandre Dumas, j'ai vu un pauvre garçon coincé entre le tourniquet et la porte se contorsionner pour repasser son pass Navigo sur le bouzin mauve. Heureusement pour lui, la barrière a bien voulu lui accorder une seconde chance. Il reste de l'espoir.