Al1jup, le vrai-faux blog d'Alain Juppé ?

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Comment vous dire... Comment exprimer le doute, gros comme une caisse noire de parti politique, qui m'assaille devant www.al1jup.com, le supposé blog-notes d'Alain Juppé ?

C'est que, malgré ce que j'ai pu écrire sur lui pas plus tard qu'hier, je ne doute pas une seconde de son intelligence. Sincèrement, j'ai la faiblesse de croire que pour être Premier ministre de la France il faut avoir une intelligence supérieure à la moyenne (vous me direz qu'il y a des contre-exemples, mais le plus récent n'avait pas fait l'ENA avant de vendre du café chez Jacques Vabre).

Alors devant des sommets de la pensée comme Sur le viaduc de Millau où l'on apprend que "Le Président veille à ce qu'on nous voie côte à côte , y compris sur les photos" ("Mais non mon Alain, tu ne sens pas mauvais !"), que "quelques archéos" sont rétrogrades (on attend la protestation du syndicat des architectes archéologues devant ce diminutif pas très flatteur) et que "les jeunes femmes qui vont travailler au péage" rayonnent tellement qu'on les voit depuis toute l'Europe (c'est bien connu, aux péages il n'y a que de rayonnantes jeunes filles qui ne pensent qu'au développement économique de leur région)... j'ai comme un doute.

Ou serait-ce, dans ce même billet de 25 lignes, les quelques 47 fautes typographiques sur la quasi-totalité des ponctuations ? Vous y croyez, vous, à un énarque qui ne sait pas qu'on ne met pas d'espace devant une virgule ou un point ?

Ou serait-ce encore le nom de domaine : al1jup.com. Digne d'un djeune hacker. Quelle créativité, quelle audace ! Je n'ai aucun mal à imaginer M. Juppé, dont on se rappelle tous le caractère jovial et détendu lors de ses (trop rares) apparitions à la télévision lorsqu'il était Premier ministre, expliquer par téléphone aux caciques du RPR (pardon, de l'UMP) que non, ce n'est pas une faute de frappe, c'est bien "A L, Un comme le chiffre 1, J U P point com". Il faut dire que alainjuppe.com a été déposé par un cybersquatter le 6 avril 2003. C'est vrai qu'en 2003, le web n'avait pas encore assez d'importance pour que ça vaille la peine de dépenser 12 euros par an pour un nom aussi trivial. Alors qu'al1jup.com, ça r0x! (P.S. quant à alain-juppe.com, il a été déposé le 14 octobre 2004 par un autre squatter, on dort à l'UMP ou quoi ?)

Ou alors serait-ce le propriétaire dudit nom de domaine, BEWEB, 4 rue des Petits Frères, 75002 Paris, avec un email qui pointe vers le domaine beweb.fr qui lui est enregistré au 149, rue Montmartre (2è) pour le compte de la société Beweb qui dit se trouver 66, rue de sèvres (7è) et dont le métier est, je les cite, de "mener des campagnes de Marketing Direct auprès de plusieurs centaines de milliers d'internautes souhaitant recevoir des offres commerciales de la part de nos partenaires". Alain Juppé promu blogueur par une agence de marketing direct et de promos commerciales par emailing de masse ?

Ou serait-ce enfin le sentiment bizarre qu'Alain Juppé aurait pu bloguer depuis quatre mois sans que le landernau de la francosphère ne s'en aperçoive ? Je sais que j'hiberne un peu beaucoup ces temps-ci, mais louper un obni aussi gros, il faut que j'aille voir un ophtalmo.

Mais qui suis-je pour douter de l'authenticité du blog de M. Juppé quand Le Monde nous affirme, photo à l'appui de l'ancien Premier ministre montrant une assurance confondante devant un ordinateur, que c'est bien lui qui blogue, qui veut qu'on l'aime, qu'on sache qu'il sait sourire, et qu'il s'exprime avec une grande liberté de ton sur tous les sujets, sauf le petit Nicolas. Le Monde, c'est un canard sérieux, avec des idées saines (pas comme d'autres).

Tiens, un dernier doute m'assaille... On voit bien à la lecture de l'article que la journaliste (Béatrice Gurrey) n'a pas interviewé M. Juppé puisque l'article est composé uniquement d'extraits dudit blog. Mais si c'était un vrai faux blog ? Alors cet article serait une vraie fausse nouvelle, non ?

Nos amis anglosaxons appellent ça la preuve du pudding.