De blogue à oreille

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Via Loic, je suis tombé sur un billet de Dan Gillmor qui dénonce le discours suivant d'une agence de relations publiques :

"(PR client) is a market intelligence and media analysis services firm. (PR client) is working with F1000 companies who are using our services to Manage and Monitor Digital Influencers (such as blogs, message boards, user groups, complaint sites, etc.) as an intelligence and threat awareness tool. (Person's name), CEO could talk to you about 'What F1000 Companies are doing to take action against bloggers' and 'How companies are taking steps to protect their corporate reputations from bloggers/digital influencers.'"

En résumé, cette agence propose d'expliquer à ses clients ce que les grandes entreprises font pour lutter contre les blogueurs et protéger leur réputation vis-à-vis des blogueurs et influenceurs en ligne.

J'ai déjà vu ce même discours il y a plus de cinq ans, de la part de ceux que j'ai l'habitude de qualifier de "vendeurs de cuisines reconvertis dans le web". Ces mêmes individus proposaient ce même service de soi-disant protection de la réputation en ligne, mais focalisé sur les moteurs de recherche, les newsgroups et les forums de discussion. Malheureusement l'explosion de la bulle Internet n'a pas eu raison de tous les parasites, ils sont seulement en train de surfer sur la vague des weblogues, plus juteuse pour eux car plus inquiétante pour leur type de clientèle.

Les weblogues participent à une évolution fondamentale du bouche à oreille, sur un mode redoutablement efficace parce qu'écrit, instantané et mondial. L'influence que je pouvais avoir il y a quelques années sur mon réseau proche a été multipliée grâce à mes weblogues par trois ordres de grandeur ! Prétendre lutter contre ce phénomène est illusoire et lorsqu'on est face à un tel bras de levier, il vaut mieux se placer du bon côté du levier.

Je serais curieux de voir à l'oeuvre cette agence dans l'affaire de cette hôtesse de l'air de Delta Air Lines, d'abord suspendue du jour au lendemain puis virée sans préavis parce qu'elle avait publié une photo d'elle en uniforme sur son weblogue. Résultat : Delta ridiculisé par une femme de ménage volante (blonde et même pas bilingue diront les mauvaise langues) !

Cet exemple n'évoque qu'une image pour moi : celle de la dangerosité de l'animal blessé et acculé dans un coin mais que, de toute façon, on achèvera par pitié ou parce que c'est la seule chose à faire.

La morale de l'histoire est assez simple. Les entreprises qui n'ont aucune substance auront de plus en plus de mal à légitimiser leur marque, alors que celles qui répondent bel et bien à l'attente de leurs clients verront leur image de marque s'établir plus facilement et plus rapidement qu'avant si elles savent l'importance d'être un (bon) sujet de conversation.