Les dinosaures branchés

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Juriscom.net publie un point sur le conflit entre FAI et industrie du disque, où l'on revoit un refrain désormais bien connu (je souligne) :

L'ancien article 43-12 (devenu aujourd'hui le point 8 de l'article 2 bis) a été maintenu. Celui-ci permet à l'autorité judiciaire de prescrire en référé ou sur requête, aux fournisseurs d'accès ou d'hébergement, "toutes mesures propres à faire cesser un dommage occasionné par le contenu d'un service de communication publique en ligne, telle que celles visant à cesser de stocker ce contenu ou, à défaut, à cesser d'en permettre l'accès". En un mot : le juge pourra ordonner aux FAI de filtrer des contenus illicites. Cet article semble avoir été adopté pour lutter contre les contenus illicites qui s'échangent sur les réseaux P2P...

Où l'on découvre un autre assaut en préparation, l'habituelle taxation "à la volée" du grand public au motif qu'une minorité en lèse une autre :

Une étude de l’Ecole des Mines propose, comme moyen de contrer le téléchargement illégal, de surtarifier le téléchargement montant (upload). [...]

« Les comportements des heavy users pourraient amener les FAI à modifier leurs offres ADSL en faisant payer les mégaoctets supplémentaires à partir d'un plafond de volume » [...]

Cette solution, si elle était adoptée, devrait dissuader – dit-on – la mise à disposition des fichiers protégés par les droits de propriété intellectuelle dans les réseaux P2P et encourager le téléchargement (download).

Je ne sais pas pour vous, mais moi qui achète mes CD, j'en ai marre de me faire taxer à tous les coins de rue pour le plus grand profit des princes de la musique, sur les supports informatiques qui ne me servent qu'à faire de l'informatique, et bientôt sur ma connexion Internet qui est au centre de mon outil de travail.

Les premiers responsables de l'apathie du secteur musical sont les majors elles-mêmes. Il leur est plus facile de se plaindre du piratage pour expliquer la baisse des ventes en faisant oublier que leur propre production de nouveautés a diminué dans une proportion bien plus importante. Cette attaque en règle et systématique contre tout le secteur Internet sonne comme l'aveu d'échec d'une industrie sclérosée, qui peine encore à reconnaître, même du bout des lèvres, que son salut passe non par la poursuite en justice de ses clients, mais par sa transformation à l'écoute des besoins du public. Lequel réclame le téléchargement plutôt que faire la queue dans des magasins qui ne leur apportent plus aucun service. J'entendais Pascal Nègre l'autre jour sur France Inter, les mots "vente de musique en ligne" lui écorchaient la bouche. Il a dû rire jaune en entendant son Ministre faire l'apologie de l'iTunes Music Store d'Apple.

iTunes Music Store qui aurait d'ailleurs pu ouvrir depuis longtemps en Europe, si la bureaucratie des majors ne faisait pas tout pour l'en empêcher.

Je me demande combien de temps il faudra pour que les artistes aillent voir Apple directement pour commercialiser leurs oeuvres. Ca arrivera un jour, pour le moment ils se font les dents sur les amateurs.

Je ne peux pas résister à cette dernière petite pique sur la maturité de l'industrie du disque vis-à-vis d'Internet. M. Aillagon inaugurait hier le site Promusic.fr, "le site de de défense des acteurs de la filière musicale". Beau lancement en effet, l'adresse n'existe même pas encore ! Ils devraient se dépêcher avant qu'il ne reste plus rien à défendre.