La LEN et les hébergeurs de weblogues

Des hébergeurs de weblogues -- Benoit Desavoye pour Haut et Fort, Loïc Le Meur pour Ublog -- commencent à s'interroger sur les conséquences qu'aurait la LEN, en l'état, sur leur activité.

Il serait sain (et surtout vital pour eux) que d'autres acteurs du même type les rejoignent car il me semble, au vu des récents propos du rapporteur M. Dionis du Séjour, que nos députés n'ont pas pris conscience de la richesse des acteurs du secteur, richesse en termes de liberté d'expression et de futur développement économique de l'internet français, pas richesse au sens trésorerie de Wanadoo. Or, il est symptomatique de la confusion permanente qui a présidée à l'élaboration de ce projet depuis sa création, mêlant l'internet (communication et commerce électronique), l'audiovisuel, les opérateurs de télécommunications (en fait, France Telecom), les croisades des industriels du disque, les fantasmes et phobies des associations familiales, que bien peu de députés et apparemment aucun membre du gouvernement ne savent qu'il existe une vie d'une richesse incroyable en dehors de Wanadoo et de Vivendi Universal.

Comme je l'ai écrit précédemment, et ce qui est avoué maladroitement par M. Dionis du Séjour, les hébergeurs ne pourront se fier à aucune technologie de filtrage existante(*) et devront pratiquer une censure manuelle. Combien d'acteurs privés de la francosphère (française, en l'occurence) auront-ils les moyens de faire face à cette obligation ?

Un point que j'aimerais voir développer très rapidement, c'est l'impact financier d'une surveillance a priori pour des platformes comme UBlog, Haut et Fort, Joueb, etc. C'est ce point qu'il me paraît important, pour ces mêmes acteurs, d'évaluer afin de porter à la connaissance des parlementaires les conséquences -- sûrement funestes pour certains -- sur leur activité.

(*) Sur la faisabilité technique du filtrage, comme il est déjà apparu à certains députés éclairés dans le débat, les pays qui ont envisagé cette mesure l'ont abandonnée. Les seuls qui la pratiquent encore sont des dictatures auxquelles il me ferait mal d'avoir à comparer mon pays. Je ne demande pas aux parlementaires d'être au fait des dernières technologies de filtrage, mais le bon sens me fait dire que si ça fonctionnait, on aurait déjà des filtres anti-spams infaillibles. Et pourquoi les services de renseignements des Etats-Unis, avec des moyens financiers dépassant probablement ceux de l'ensemble des hébergeurs français réunis, en sont encore à confondre un enfant de six ans avec un terroriste international ? Quant à l'efficacité de Google, j'espère que nous aurons la réponse bientôt ;-).