Pauv' vieux

Si vous pouvez récupérer le numéro de Libération d'hier, foncez en page 4. Est-ce qu'il ne vous fait pas pitié, le petit vieux qui y est en photo ? Franchement, avec sa tête de Droopy, son air fatigué presque désespéré, vous n'auriez pas envie de travailler un jour de plus pour l'aider à supporter le fardeau de ses derniers jours sur Terre (qu'on pressent aussi peu nombreux que difficiles) ?

Hier, donc, en entendant le barouf provoqué par la "fuite" de la décision de Raffarin de supprimer le lundi de Pentecôte, j'ai d'abord pensé que le maître du marketing de Matignon nous refaisait sa tactique habituelle qui consiste à "fuiter" une info pour tâter le terrain : si ça passe, on fait, si ça chouine trop fort, on prétend qu'on n'a jamais décidé ça, que ce n'était qu'une hypothèse de travail.

A la lecture de l'épais dossier de Libé sur "le pataquès du jour férié", je doute qu'on soit dans ce cas de figure et l'idée qu'il puisse s'agir d'une fuite orchestrée par l'un des ministres de Raffarin opposé à cette idée me tente franchement plus. C'est qu'il semble difficile de lui trouver des défenseurs à cette trouvaille, même à droite, même (rire) au Medef ! Le chantre du libéralisme et de la "libération des énergies", Alain Madelin lui-même considère que c'est "le retour de la corvée". "C'est la première fois qu'on demande aux salariés de travailler gratuitement." dit Arnaud Montebourg. Hubert Falco, chargé de défendre le gouvernement devant l'Assemblée Nationale s'embourbe tellement dans ses explications qu'il se fait couper le micro par Jean-Louis Debré ! On cherche à prouver l'efficacité de la méthode mais on ne trouve que des économistes pour expliquer que ça va aggraver le chômage. Et Raffarin de faire la chasse aux opposants jusque dans son propre gouvernement... Oui, pour tuer cette idée dans l'oeuf, on n'aurait pas fait mieux.

Moi, je comprend très bien pourquoi il fait la gueule, le petit vieux de la page 4 !