Citoyen de seconde zone

Ce que j'ai fait ce 11 septembre s'appelle une sortie du placard, ou un coming-out pour les anglophiles. Et qu'il en soit ainsi d'une simple déclaration d'amour est insupportable.

Je connais des gens, trop d'ailleurs, que la violence de mon propos va étonner. Certains parce qu'ils estiment que tout cela est finalement devenu banal, qu'on voit des homos partout et que le PaCS a réglé "le problème". D'autres pour qui cette nouvelle sera peut-être une surprise, sans plus. D'autres encore parce que je le leur ai déjà dit tellement naturellement qu'ils se demanderont bien ce que cela peut avoir d'insupportable pour moi.

Doxa me disait samedi midi que ce que j'avais fait était courageux, parce qu'il devait y avoir des collègues de travail qui lisent mon site. Je le ressens plutôt comme une nécessité vitale, celle de vivre ma vie naturellement. J'ai depuis longtemps -- depuis la sortie du placard qui m'a le plus coûté, celle face à mes parents il y a environ douze ans -- adopté une ligne claire : ne pas mentir, ne pas se cacher, cesser de jouer une comédie dont je n'étais pas l'acteur mais le pantin. Je veux arriver à vous faire comprendre que ma rage est proportionnelle à l'épaisseur du blindage qui me permet aujourd'hui de vivre selon cette ligne directrice dans un pays qui n'est plus que l'ombre de lui-même, endormi sur ses lauriers de patrie des Droits de l'Homme alors qu'il a cessé de les mériter depuis longtemps.

Laurent sait qu'il y en a dire. Oui, ça va être long, ce qui se bouscule dans ma tête repousse un peu les limites du format d'un weblogue, je vais donc essayer d'exposer ma logique pas-à-pas, à commencer par la sortie du placard qui va faire l'objet du prochain billet de ma nouvelle catégorie : citoyen de seconde zone.