Les contenus à l'heure de l'abondance

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Michel Levy-Provençal, grand manitou du web chez France 24, nous livre un joli essai sur les contenus à l'heure de l'abondance. (Et pour ceux qui ont aimé le manifeste de l'audioblogging et préfèrent l'écrit, Michel a eu la gentillesse d'en faire une retranscription).

Après la pathétique démonstration d'aveuglement à laquelle l'industrie de la musique et la majorité de nos députés se sont livrés avec HADOPI, je pense que l'avenir est entre les mains de ceux qui créent vraiment, ceux qui font un vrai travail d'édition (le fameux filtrage dont Michel parle) et ceux qui comprennent la dynamique particulière de la distribution numérique dématérialisée (par les réseaux, et pas uniquement internet). Mais ça ne viendra pas de ceux qui refusent de comprendre (parce qu'ils sont payés pour ne pas comprendre, en grande partie).

Réfléchissez-y : vous avez envie, aujourd'hui, de continuer à payer 20€ voire plus pour un DVD que vous regarderez une ou deux fois ? Certes, c'est à peu près le prix de deux places de cinéma (mais là aussi, il y a du changement en vue). Et sur ces 20€, quelle part revient aux créateurs de l'œuvre ? A moins de s'autoproduire, une part minime.

Pour vous donner un exemple que je connais bien, je touche 8% en droits d'auteur sur le prix hors taxes de mon livre blogueur d'entreprise, soit environ 1,20€ par exemplaire vendu 21€ TTC. Avec le recul, si je réédite l'expérience, je diffuserai un futur livre sous forme numérique, à mon compte, pour une somme largement inférieure à 10€ et une marge nettement supérieure à celle-ci. Je vois de plus en plus d'auteurs se lancer dans l'aventure, précisément parce qu'ils n'ont plus besoin, dans la chaîne de distribution de contenus, des acteurs qui ne vivent que de l'économie de la rareté et de son support physique : la distribution de biens matériels et le commerce de détail (pensez très fort à Universal et à la Fnac, et vous comprendrez pourquoi c'est Denis Olivennes qui a pondu HADOPI, avec Pascal Nègre en lobbying depuis les premiers jours de DADVSI). Mais de vrais éditeurs, ceux qui détectent, trient, peaufinent, aident les créateurs à s'améliorer et à se faire connaître, il y aura toujours besoin.

P.S. et pour poursuivre la réflexion sur l'évolution de la création à l'ère du numérique, Tristan Nitot nous parle de générativité (vérifiez qu'il vous reste un gramme de paracétamol à portée de main si vous voulez vraiment creuser le sujet à fond).