Tout va très bien Madame la marquise

Le président du gouvernement de Nouvelle-Grolandie a récemment décrété que les frontières de l'île sont imperméables à la crise financière, louée soit sa politique basée sur le protectionnisme et les monopoles locaux. Ce en quoi il est tout aussi crédible que le président de la présipauté de Groland. Il est en effet bien connu de tous, depuis Tchernobyl, que les frontières de la Grolandie sont rigoureusement imperméables à toute catastrophe d'origine étrangère. Tout ceci me confirme par ailleurs dans l'idée que la seule différence entre ces deux oiseaux-là est, qu'ici, on ne se cache pas d'être une république bananière.

Le problème c'est que la crise vue par le petit bout de la lorgnette d'Harold Martin ne se limite pas à la santé des banques locales et leur capacité à consentir des prêts bancaires. Pour ma part, par exemple, mon chiffre d'affaire dépend encore à 100% de l'exportation, et j'ai beau indiquer à mes chers clients que mon banquier a de gros besoins, j'ai la bagatelle de 90% de mon C.A. bloquée pour la simple et unique raison que la crise a un effet vasoconstricteur radical sur les services comptables chargés de régler les fournisseurs. Autant pour ce que je paierai en impôts cette année, et donc pour le budget du pays. Pays dont la seule ressource exportée vient de voir son cours dégringoler : le cours du nickel ayant été divisé par trois en six mois. Eh oui, n'en déplaise à ces messieurs qui vivent dans leur petite bulle isolationniste du bout du monde, l'une des caractéristiques d'une industrie mondialisée à flux tendu est que le flux se détend aussi vite qu'il se tend d'un bout à l'autre de la chaîne. Lorsque les chinois ou les coréens n'ont plus de commandes de leurs clients parce que la consommation mondiale diminue, ils cessent d'avoir besoin de métal pour fabriquer les biens de consommation. Et la Nouvelle-Calédonie qui n'exporte que ça et importe tout, est belle est bien directement confrontée à la crise.

L'autre jour j'entendais le quartier libre de Caroline Cartier remixer les discours lénifiants de Christine Lagarde sur l'air de « tout va très bien Madame la marquise ». Un pur régal, dommage que Radio France ne permette pas de le réécouter. Je me demande sur quelle musique locale on pourrait faire de même avec les discours des autruches qui nous gouvernent ici.