OGM, entre fantasmes et réalités

Le débat actuel présente à la fois des aspects positifs et d’autres plus inquiétants. Le côté positif est de montrer aux décideurs économiques et politiques que les citoyens, après les tristes affaires du sang contaminé et de la vache folle (où les chercheurs n’avaient rien à voir, soit dit en passant), en ont assez d’être le jouet de sordides affaires de profits financiers. De plus, les inconvénients de l’agriculture intensive sur l’environnement et l’alimentation commencent à être perçus de tous, grand public comme spécialistes. Les citoyens exigent d’être mieux informés et plus impliqués dans les instances de décisions. Le « tais-toi et mange » n’est plus de mode ! Ce débat amène aussi les chercheurs à prendre conscience que leurs recherches ne sont pas politiquement neutres et qu’ils doivent se sentir concernés par les utilisations qui en sont faites. C’est tout le rapport entre science et démocratie qui est en cause. Vaste programme, surtout dans le contexte politique actuel !
Pourtant, la controverse ne peut avoir un sens et un intérêt que si elle permet de faire la part des vrais problèmes et des peurs irrationnelles, voire superstitieuses, et de ne pas se tromper de cible. Actuellement, c’est d’autant moins le cas que ces peurs sont exploitées par certains à des fins personnelles ou politiques et par d’autres à des fins commerciales. Beaucoup de media préfèrent l’émotionnel et le « thriller » à la véritable information, c’est bien plus « vendeur ». On peut aussi s’inquiéter que, dans ce conflit, apparaissent de plus en plus souvent des relents, parfois inconscients peut-être, d’anti-recherche et d’anti-science. C’est toujours de très mauvais augure pour une société, même si on doit aussi se garder de la dérive scientiste. Il est devenu évident que certains courants d’idées remettent en question la démarche scientifique elle-même, c’est à dire les progrès de la connaissance, et pas seulement ses retombées technologiques. Ils contribuent ainsi à la résurgence actuelle de toutes sortes d’obscurantismes, dont l’un des plus marquants est le créationnisme. Ce dernier n’est d’ailleurs pas sans rapport avec la sacralisation du naturel, évoquée plus haut, à forte connotation religieuse elle aussi
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Jean-Claude Bregliano, OGM : FANTASMES ET REALITES - Le point de vue d’un généticien. Un article à lire absolument.

Sa conclusion pourrait aussi bien s'appliquer au LHC, qui génère aussi une quantité incroyable de réactions qui permettent de réaliser que l'obscurantisme du XXIè siècle n'a pas grand chose à envier à celui du moyen-âge.

[Via Tristan.]