Davantage d'erreurs dans les bureaux utilisant le vote électronique

La première étude quantitative sur la dématérialisation du vote dans les élections politiques en France, conduite par Chantal Enguehard en relation avec l'Observatoire du vote et portant sur les trois derniers scrutins nationaux, pointe un nombre "d'erreurs" plus élevé dans les bureaux utilisant des ordinateurs de vote que dans les bureaux traditionnels.

L'étude montre en premier lieu que le nombre de bureaux "en erreur", c'est-à-dire où le nombre de votes n'est pas égal au nombre d'émargements, est bien plus élevé parmi ceux qui utilisent les machines à voter que dans ceux qui ont recours à l'urne traditionnelle.

Globalement, sur les quatre tours d'élections étudiés, on relève ces erreurs dans 29,8% des bureaux procédant au vote électronique et dans 5,3% de ceux utilisant l'urne.
Lors du premier tour de la présidentielle, on mesure ainsi 3,9 fois plus de bureaux en erreur pour le vote électronique par rapport au vote à l'urne. Ce rapport monte à 7,5 pour les législatives et à 7,8 pour les municipales, selon l'étude.

Autre enseignement, l'ampleur des erreurs est plus importante pour le vote électronique: par exemple, plus de 7,3% des bureaux électroniques dépassent un taux d'erreur de 3, contre 0,4% des bureaux traditionnels.

Selon l'étude, la multiplication des scrutins n'entraîne pas une plus grande fiabilité du vote électronique: malgré la meilleure expérience qu'en ont les électeurs, les taux d'erreur du vote électronique restent toujours très supérieurs à ceux du vote à l'urne. En outre, le taux d'erreur est plus élevé dans les bureaux qui enregistrent le moins d'émargements à l'heure.

L'étude met enfin l'accent sur le fait que la centralisation des résultats en mairie est elle-même source d'erreurs, certaines mairies ne faisant même pas état des écarts entre votes et émargements constatés dans les bureaux, d'autres "rectifiant" même les résultats pour les faire disparaître.

Des procédés qualifiés de "choquants" par Mme Enguehard, qui demande que ses travaux soient complétés par une étude de plus grande envergure. Son étude sera présentée au ministère de l'Intérieur, au Conseil constitutionnel et à l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Source : dépêche AFP (merci à Thierry Noisette pour le lien).