Planification à la soviétique à l'OPT

L'Office des Postes et Télécommunications de Nouvelle-Calédonie planifie la bande passante du Caillou sur... 25 ans !

À sa mise en service, le câble ne sera utilisé qu’à 5 % de ses possibilités maximales. C’est dire sa capacité qui, selon l’OPT, a été conçue pour absorber les besoins du Caillou pour les vingt-cinq ans à venir. Actuellement, la Calédonie utilise un peu plus de 300 Mb/s de bande passante. Lors de la mise en service du câble, l’OPT indique pouvoir en fournir le double. À titre de comparaison, la capacité maximale du câble est de 10 Gb.

On passera sur l'opacité et la subjectivité des chiffres, sachant que le débit actuel est déjà physiquement limité en dessous du besoin réel (le satellite arrive à saturation) alors que seul un calédonien sur cinq a un accès internet. La vraie raison n'est pas là, elle tient à la perte du monopole de la voix sur IP par l'OPT, dans une bataille juridique qui n'est pas terminée. On ne peut pas attendre d'une administration en situation de monopole, qui prétend que son activité internet est déficitaire alors qu'un accès coûte vingt fois plus cher qu'en métropole, d'abandonner la très juteuse barrière d'octroi qu'on lui a confiée. Si l'OPT n'avait pas une grosse pince pour limiter le débit du câble à 5% de ses capacités, tous les opérateurs métropolitains (hors France Telecom bien sûr, qui se ressemble...) ajouteraient la Nouvelle-Calédonie dans la liste des destinations d'appel gratuites (pour information, je peux appeler depuis Paris gratuitement en Australie et en Nouvelle-Zélande via Free). Et il se trouverait bien au moins un opérateur local pour faire une proposition intéressante aux calédoniens dans l'autre sens, ce qui torpillerait les profits conséquents de l'office.

Tout ceci me rappelle mes cours du CITCOM, un organisme de formation du groupe France Telecom où j'ai passé un master européen « réseaux, télécommunications et gestion de systèmes d'information » en 1997, où nous avons eu la chance d'avoir un aperçu des projets internet de l'opérateur historique. C'était aussi grandiose qu'effrayant, dans le même genre de planification à la soviétique, une vision totalement déconnectée de la réalité et du rythme de développement du réseau et de ses usages dans le monde. Si la France n'avait pas fait sauter ce monopole et ainsi favorisé le développement de l'accès internet à haut débit, je peux vous dire que nous serions en train de regarder des vidéos Dailymotion transcodées en Videotex sur des Minitels, et ferions encore bien attention de ne pas oublier d'appuyer sur la touche "Connexion/Fin" après avoir lu nos courriels pour ne pas exploser la facture.

Le dévelopement d'internet sur le Caillou, c'est pas gagné...