Emmène-moi au bout de la terre

Je suis amoureux, ici et ailleurs, heureux et triste à la fois.

J'ai rencontré l'Homme il y a trois mois. L'homme de mes rêves, rien que ça. Seulement voilà, il s'est envolé cet après-midi pour rentrer chez lui, à Nouméa. De l'autre côté du globe, 23h d'avion, rien que ça. Plus loin, on commencerait à revenir sur nos pas. Je fais rarement dans la demi-mesure, mais le coeur déchiré sur 22 000 km, ça fait un mal de chien.

Je savais qu'il allait partir, il me l'avait dit dès notre première rencontre. Mais c'est le genre de rencontre qu'on fait une poignée de fois dans une vie, et malgré cette barrière psychologique que nous nous étions tous les deux fixés, le coeur a eu raison de la raison. Chienne de vie.

Nous savions tous les deux que ça ferait mal, mais tant qu'à se prendre le mur, autant y aller pied au plancher. J'ai craqué lundi, ce qui couplé à une bonne rhino-pharyngite de saison a permis à mon supermarché du coin de doubler son chiffre d'affaires du mois sur le rayon mouchoirs. Je devais l'accompagner ce matin à CDG, mais sur un conseil de l'ami Franck j'ai renoncé à ce qui aurait été une épreuve inutile et douloureuse pour nous deux. J'ai préféré le quitter hier sur une bonne note et quelques heures inattendues qu'il m'a offertes avant de partir. Le prochain aéroport où je le reverrai, ce sera celui de Nouméa.

Parce que si j'ai eu au début le très vague espoir qu'il puisse rester, j'ai vite compris que la probabilité en était nulle. Lui le caldoche qui déteste Paris après 27 ans de vie ici, définit son retour au pays comme une question de vie ou de mort. Celle que le rejoigne reste donc infiniment supérieure, moi l'indécrottable parisien qui adore cette ville. Même si je me sens comme le gars au bord du pont, l'élastique au pied et le coeur battant, qui se dit « putain, c'est haut ! ».

Mon premier mec m'a suivi à Nice il y a 18 ans. Le second m'a emmené voir sa famille en Guadeloupe. Le troisième va m'emmener au bout de la terre. Pour un « voyage d'étude » au moins. Car même si je ne sais plus où j'habite, là tout de suite maintenant, je me connais assez pour savoir que le parisien que je suis ne fera pas automatiquement un « zoreille » heureux sur une île, fut-elle paradisiaque. Mais on n'a qu'une vie, dont on choisit le sens à chaque instant, et il y aura là-bas quelqu'un qui m'a rappelé que, même à la moitié du chemin, le meilleur reste à venir.

Alors depuis quelques temps j'ai l'esprit insulaire, je tâte le terrain, j'explore la calédosphère (si si, ça existe, je l'ai rencontrée), je cogite sur ce que je vais bien pouvoir entreprendre par là-bas. Parce que si j'ai des rêves de voyages alentours, sur et sous l'eau, homme au foyer ça va pas le faire longtemps. Je pourrai tester si internet permet vraiment de s'affranchir des distances, si quelques personnes de mon réseau veulent bien me faire confiance. Peut-être vais-je me remettre à coder. Une nouvelle et sérieuse réinvention en perspective.

En attendant, ce sera Skype ou la messagerie instantanée pour contourner le monopole coûteux de l'OPT (Free n'a même pas la Nouvelle-Calédonie dans la liste des destinations accessibles par téléphone, même en payant !). Et le SMS, en prenant quelques précautions :p.

Emmène-moi au bout de la terre
Emmène-moi au pays des merveilles...