Le vote électronique serait-il un problème partisan ?

Ou pourquoi le Parti républicain s'oppose-t-il à un test des machines à voter électroniques ?

Les républicains de l'Ohio ont bloqué par 4 voix contre 3 un test des machines à voter électronique utilisée dans l'état, que la secrétaire d'état (démocrate) Jennifer Brunner voulait conduire avant le 30 novembre en vue de préparer le terrain pour les élections primaires du 4 mars 2008, suivant en cela la Californie où de nombreuses machines ont été prises en défaut et décertifiées.

Brunner n'est pas une opposante déclarée au vote électronique. Elle n'avait pas dans le passé particulièrement réagit à la révélation que 56 des 58 comtés de l'Ohio avaient illégalement détruit des éléments protégés de l'élection de 2004, autrement qu'en exprimant des doutes sur la possibilité que ces irrégularités et la destruction illégale de plus de 2000 bulletins aient pu modifier le résultat de l'élection présidentielle. Brunner ne fait que suivre l'opinion publique de l'état de l'Ohio, qui exige que la capacité des machines utilisées à décompter les votes de manière exacte et fiable soit prouvée. Des tests et des études conduites par divers organismes publics et universitaires ont tous montré le contraire, à savoir que ces machines ne sont pas fiables et peuvent être facilement truquées. Le New York Times s'est joint à ce consensus pour demander carrément une interdiction fédérale, écrivant que « le vote électronique est un échec abyssal » et que des experts n'ont cessé, étude après étude, de montrer que ces machines, souvent mal conçues, peuvent être piratées et les votes truqués.

Le parti républicain ne semble pas pressé de voir une nouvelle étude gouvernementale ajouter à ces révélations. Le sénateur républicain John Carey est même allé jusqu'à dire que les test effectués en Californie l'ont été par des « gauchistes et des extrémistes », mettant ainsi en doute l'objectivité des universitaires que Brunner veut faire intervenir pour les tests en Ohio (des universités des états de Cleveland, Penn et Pennsylvanie). Candace Hoke, un professeur de droit (qu'on imagine être donc un dangereux extrémiste) de l'université de Cleveland qui avait assisté aux tests conduits en Californie, a indiqué qu'en l'espace de dix secondes à deux minutes ils avaient réussi à découvrir de multiples moyens de pirater les machines. Brunner et Hoke ont également fait remarquer que toute la chaîne du vote doit être contrôlée, sachant qu'elle ne comprend aucune mesure de sécurité valable. Par exemple, une pratique veut que les machines, aisément piratables, puissent être emportées chez eux par des personnels non formés le week-end précédant l'élection. Ou encore le fait que lors des récentes élections, des cartes mémoires utilisées pour le décompte des votes ont disparues pendant plusieurs heures pendant la nuit des élections à Toledo et Dayton.

Par son comportement, le parti républicain indique clairement qu'il veut que les prochaines élections soient, à nouveau, conduites sur des machines aisément piratables et avec des processus où la sécurité est absente.

Pour faire le traditionnel parallèle avec la situation en France, je rappelle que le seul candidat aux dernières élections présidentielle qui ne s'est pas opposé aux ordinateurs de vote était celui de l'UMP. Ancien ministre de l'intérieur et donc responsable au premier chef de l'organisation des élections et du vote électronique en France, notre nouveau président M. Nicolas Sarkozy, par la voix de son ministre des affaires étrangères ou encore par décret de son gouvernement, y est en fait ouvertement favorable.

Le vote électronique ne devrait pas être un sujet partisan, or curieusement seule la droite a du mal à le comprendre ici ou là. Mais, comme le dit l'adage, il ne faut pas attribuer à la malice ce qui peut s'expliquer plus simplement par la stupidité.