Vélib' — Quand l'initiative politique dérange

Publié le :

La meilleure preuve qu'une initiative politique dérange, c'est lorsque les opposants politiques s'acharnent contre elle avec les plus mauvais arguments, voire sans argument du tout. Depuis quelques jours j'ai entendu plusieurs remarques aussi vachardes que gratuites sur Bertrand Delanoë de la part de militants UMP, du niveau du « Tu donnes ton fric à Delanoë » rapporté par Louis Naugès décrivant l'expérience de son premier Vélib'. On sent les municipales approcher ! Ou encore ce joli morceau de quétainerie journalistique qui consiste à faire passer des chauffeurs de taxi pour de simples parisiens donnant leur avis, bien évidemment objectif, sur ce qui risque bien de leur coûter un peu de chiffre d'affaires.

Tout aussi symptomatique est l'acharnement du pseudo Champigny qui fait du copier/coller massif dans les commentaires des blogs parlant de Vélib' avec ce gros morceau de FUD : « Vélib' ca va vite devenir dangereux, il y a déjà trop d'accidents, mais avec 10.000 vélos dans la nature... »

Comme je l'ai déjà écrit en note sur ce billet, j'avais lu dans une étude scientifique que l'augmentation de quelques points du nombre de vélo diminuerait le nombre d'accidents, simplement parce qu'il y a un effet de seuil dans la présence continuelle de vélo dans la circulation pour faire entrer ceux-ci dans les moeurs des automobilistes. C'est une évidence quand on est en selle et qu'on observe de visu comment les automobilistes changent leur comportement lorsqu'il y a plusieurs vélos en piste. J'ajouterai que vu le nombre de piétons qui vont expérimenter le vélo, ça va également favorablement influencer leur comportement.

Mais allons consulter le dossier Priorité sécurité pour le vélo sur le site de la Sécurité Routière, et en particulier les réponses de l’ONISR sur l’insécurité des vélos. Extraits pertinents dans ce contexte :

  • De 1992 à 2001, le nombre de cyclistes tués a diminué de 30 %, contre 15 % pour l’ensemble des usagers de la route. Même tendance pour les blessés : -51% pour les blessés graves, - 18% pour les blessés légers.
  • L’alcoolémie est rare chez les cyclistes : dans les contrôles après accidents corporels, elle n’est présente que dans 1,7 % des cas (contre 5,6% chez les automobilistes).
  • Quatre accidents sur cinq impliquant des cyclistes se situent en milieu urbain, mais la gravité (nombre de tués pour 100 victimes) des accidents de bicyclettes est en moyenne cinq fois plus forte en rase campagne qu’en milieu urbain où la gravité des accidents décroît à mesure que la taille de l’agglomération augmente.
  • L’analyse des accidents sur les dix années étudiées montre que près de 70 % des cyclistes tués l’ont été hors intersection. Autrement dit, la cause est moins à rechercher du côté d’un non-respect des feux ou des priorités par les cyclistes que du côté des autres usagers, trop souvent inattentifs aux vélos.
  • [C]omme pour les accidents de voitures ou de motos, le niveau de gravité des accidents cyclistes en rase campagne est directement lié à la vitesse des autres usagers.

Edifiant, n'est-ce pas, messieurs les automobilistes qui ne réfléchissez pas plus loin que le bout de votre carrosserie ? S'il y a quelque chose à réduire dans Paris, c'est au minimum la vitesse des voitures, sinon leur nombre. Quant aux Vélib', si 10 648 ont été mis en circulation sur 700 stations le 15 juillet, ce sont 20 600 qui seront en service sur 1 415 stations d'ici fin 2007. Vive Vélib' et vive le vélo !