Le blog de journaliste serait-il comme le journalisme citoyen, du flan ?

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Laurent Bazin ferme son blog :

[J]e suis un salarié, mon entreprise a des actionnaires et des intérets et - sauf à vouloir jouer les chevaliers blancs - je ne peux continuer à mener parallèlement ces deux vies éditoriales. Se trouver dans la situation de co-animer une antenne, de vivre dans une rédaction et de tenir par ailleurs un blog-note où l'on se sent libre de "raconter tout ce qu'on vous a raconté" est littéralement schizophrénique.

Au plus petit niveau, jusque dans les relations amicales, théoriquement privées, on est toujours en connivence avec quelqu'un... On se retient toujours de livrer une information dont on ne se priverait pas si il s'agissait d'un inconnu.

Tant que l'on est salarié, que l'on travaille avec une équipe, toute vérité n'est pas bonne à dire. C'est comme ça. Je ne voudrais pas faire les choses à moitié. Je cesse donc d'écrire.

Pour ma part, avec ma propre histoire, je considère que le fait d'être salarié n'a rien à voir avec le problème. Outre une maîtrise un peu hasardeuse de l'outil, Laurent Bazin illustre plus le problème de l'indépendance de la presse. Cette histoire me rappelle les propos de François Bayrou, et quand je lis "mon entreprise a des actionnaires et des intérets [sic]" je pense à certains barons de la finance et autres magnats de l'armement, et à quel point leurs intêrets s'imposent aux médias dont ils sont actionnaires. Alors je sais que je simplifie, dans la provocation, mais cette histoire me fait penser que le journaliste blogueur, ça ne vaut pas plus que le blogueur qui prétend faire du journalisme citoyen.

Et ironie de l'histoire, c'est la transparence qui conduit Laurent Bazin à fermer son blog. J'aimerais que les journalistes qui nous ont donné de grandes leçons sur les blogueurs et le journalisme, consacrent autant de temps de cerveau disponible qu'ils en ont dédié au journalisme citoyen, pour nous aider à comprendre ce qu'il y a à comprendre ici.