Du buzz de France 24

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Le 20 novembre dernier, j'ai été contacté par BuzzParadise pour une campagne de buzz autour du lancement de la nouvelle chaîne d'information continue France 24, qui sera lancée demain. J'ai accepté pour deux raisons : d'abord c'est, Arte mise à part, le seul type de programme qui me fasse encore allumer ma télé de temps en temps, ensuite parce que je voulais voir à quoi ressemble une campagne de buzz de ce genre.

Le lendemain, on m'a demandé de m'inscrire à une soirée le 2 décembre pour rencontrer "12 bloggers de renommée internationale". Le 23, j'ai reçu par courriel quelques vidéos, une de Stanislas Léridon (directeur internet & nouveaux médias de France 24), un clip de pub, quelques spots de la chaîne, et un "press kit". De tout ça j'ai retenu les promesses suivantes :
- internet est au cœur de la stratégie de France24
- la chaîne attache une grande importance aux "bloggers"
- on va vous révéler ce que les autres ne vous disent pas
- on va donner un regard français, dans quatre langues, sur le monde

Je remarque déjà (déformation professionnelle de mon passé à la « branding police » de Capgemini) qu'il y a un joyeux mélange de France24 et de France 24 un peu partout dans les documents, et sur internet il va leur falloir surveiller les deux graphies sur les moteurs. Je remarque aussi que le kit de presse n'est pas un matériel adapté pour le blogueur que je suis, qui ne saisit pas le jargon utilisé (« images des EVN, échanges d'actualités de l'UER »). J'y relève aussi quelques incohérences entre documents, on parle dans l'un de 170 journalistes, dans un autre de 340 personnes dont 170 journalistes, ici de quatre langues, puis d'un lancement en trois langues, mais ailleurs on précise que l'arabe ne se fera que sur le web au début. Pour avoir déjà donné de l'autre côté, on sent le bouclage de l'opération à l'arrache par bouts, avec de l'information dispersé à droite à gauche au fur et à mesure des validations, classique. Je remarque enfin, au détour d'une petite phrase aguicheuse qui dit que « même la presse ne l’a pas encore vu ! », l'affiche de promotion suivante :

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Ma réaction a été :
- elle est belle
- la promesse est forte, ils ont intérêt à la tenir !
- même si la presse l'avait vue, ils ne l'auraient pas diffusée gratuitement, on compte donc sur les gentils blogueurs pour le faire en leur faisant croire à une pseudo exclusivité (je le fais parce que je la trouve belle, mais le coup du « la presse ne l'a pas vue » on ne me la fait pas, et le visuel doit depuis longtemps être dans les tuyaux d'achats d'espaces :p).

Parallèlement, j'ai reçu un colis via FedEx contenant une bouteille de champagne et une brochure de présentation de la chaîne (c'est dans le croisement de cette brochure et des documents par courriels que j'ai relevé les différences ci-dessus). Lorsque je regarde d'où est parti le colis, je me dis qu'en ces temps de conservation des ressources et de préservation de l'environnement, les agences de RP feraient bien de réfléchir à des cadeaux un peu plus écolos qu'expédier du champagne de Reims à Paris en passant par le Luxembourg, le tout enrobé de polystyrène. (Mais merci quand même pour la bouteille, je ne promets pas de la déboucher demain ;-) .)

Quatre jours avant le fameux RV, je reçois un courriel précisant l'adresse et l'heure : le Sherwood rue Daunou, à partir de 22h30 (mais bar privatisé à 23h30 seulement, connaissant les prix prohibitifs de l'endroit je décide d'attendre jusque là). On me dit que j'y rencontrerai "les bloggers les plus influents du monde", des journalistes de France 24 ainsi que des dirigeants de la chaîne. A vrai dire, j'ai surtout vu des têtes connues du microcosme parisien et, à part un allemand qui n'a pas pipé mot, je n'ai pas eu la chance de voir ces fameux A-"bloggers", ni personne de France 24. On m'a glissé à l'oreille qu'en fait toutes les interviews et les discussions avaient déjà eues lieu dans la journée et que tout ce petit monde était parti se coucher vu l'heure tardive. Ceci dit, il y en avait peut-être, mais l'ambiance était simplement à la détente. J'ai juste été un peu déçu de ne pas pouvoir poser la seule question que j'avais concernant France 24 : pourquoi avoir constitué trois rédactions séparées (une par langue, chacune avec son plateau et trois conventions collectives différentes) plutôt qu'une rédaction unique avec traducteurs ? Pour le béotien que je suis, ça me paraît être une machine très lourde (je prends le pari qu'à la première crise financière, ça va laisser de la marge à une sérieuse "optimisation"). Bon, puisqu'on m'écrit « Vous êtes notre partenaire, rappelez-vous que nous restons disponibles et prêt à partager des informations avec vous… », j'ai posé la question par courriel, je verrais bien si j'ai une réponse.

En résumé, pour les trois protagonistes de ce buzz :

Pour France 24 :
- je suis effectivement dans la cible, mais pas parce que je suis blogueur, j'étais déjà accroc à LCI avant d'être forcé de me rabattre sur cette blague qu'est Euronews (j'ai jeté Noos pour Free, or le groupe Bouygues est absent du réseau Free)
- j'attends la réponse à ma question sur les rédactions séparées vs une rédaction intégré
- vous avez placé la barre très haut, notamment avec le message "Darfur, beyond the news", sur la profondeur du traitement de l'information. Or, en Chiraquie, on a pu observer que tant qu'il s'agit de parler de l'étranger ça va à peu près, mais le traitement des affaires de la France est singulièrement peu profond
- je n'ai pas vu le moindre site web en avant-première, ça m'aurait beaucoup plus intéressé que des documents faits pour des journalistes

Pour l'agence BuzzParadise :
- on écrit blogueur en français ;-)
- je conçois qu'après une journée d'interviews tout le monde soit crevé à 23h30, mais vous aviez promis plus qu'une simple soirée open bar
- voir ma remarque ci-dessus sur l'opportunité d'être un peu plus écolos dans vos opérations, je suis sûr que vous trouverez en plus comment buzzer là-dessus (ne m'oubliez pas ;-)
- Apparemment les organisateurs de soirées buzz ne tournent que sur deux lieux : le Sherwood et le Cab. Le Sherwood c'est cher, c'est petit, les patrons sont limite désagréables. Le Cab c'est plus central et plus grand mais très cher aussi, les DJ sont sourds et tentent de rendre la clientèle sourde également. On manque tant que ça de lieux sympas dans cette ville ?

Pour moi :
- qu'est ce que je fous là ?

Ils en parlent également, et très différemment :
- Pointblog, France 24 : la nouvelle chaine d'information internationale (avec quelques commentaires croustillants)
- Yannick Lejeune y a passé sa meilleure soirée blog en 2006 (faut venir à Paris Carnet, Yannick !) - dire qu'il a une vision du Sherwood aux antipodes de la mienne est un euphémisme ;-)
- Versac, qui ne cite pas nommément les protagonistes mais c'est tellement gros que tout le monde aura compris, écrit un billet juste pour confirmer. Apparemment, il n'a pas eu le même traitement que les autres. Il précise lui-même qu'il est partiellement concurrent de BuzzParadise. Un billet long au vitriol dans le style décapant de l'auteur, tout ça pour faire un Buzz pour "le clos des gourmets" comme dit si bien un commentateur chez lui ;-).

Dans un autre registre mais c'est lié, je rejoins assez Fred Cavazza quand il dit arretez de prendre les bloggeurs pour des journalistes !

Mise à jour du 5/12 : j'ai reçu deux courriels de BuzzParadise en réponse à ce billet et à ma question. Précisions importantes :
- J'avais bien compris que beaucoup des invités de marque étaient fatigués après une journée complète, aucun soucis. Guillaume Desnoes, responsable de la communication chez France 24 était bien là, ainsi que des journalistes et des animateurs de la chaîne. J'aurais donc pu leur poser ma question directement. Je me suis coulé dans l'ambiance détente et je n'étais pas dans le mode approche directe à l'aveugle. En fait, à cause de l'accroche de l'invitation, je m'attendais à quelque chose de plus formel au début, au moins une introduction ou une présentation par les organisateurs pour qu'on puisse identifier qui étaient les fameux blogueurs et les gens de France 24. Le choix de BuzzParadise a été au contraire de favoriser les échanges par une ambiance très informelle, et c'est un choix tout à fait respectable (je précise que les équipes étaient là et disponibles). Il y a des jours comme ça où je ne suis pas le meilleur networker qui soit, je n'ai à m'en prendre qu'à moi-même !
- Le champagne était un cadeau symbolique pour le lancement, ce qui dans ma culture française colle très bien :-). Il ne faut pas prendre ce que j'ai écris là-dessus comme un reproche, mais comme la retranscription de ce que j'ai pensé sur l'instant et une idée à creuser pour le futur (je fais confiance au buzzers pour cogiter).
- C'est difficile d'organiser des soirées comme ça un samedi soir à Paris, pour une première c'était très bien.
- Concernant ma question, voici la réponse de France 24 :
Il n’y a qu’une seule rédaction trilingue, travaillant dans la même newsroom, dans les mêmes conditions.

Première chaîne diffusée en deux langues dès son démarrage (français et anglais) puis en trois en 2007 avec le canal arabe, l’espagnol étant programmé dans les trois ans à venir.

FRANCE 24 présente la particularité d’avoir deux langues de diffusion et de travail mais un seul langage qui ne change pas en fonction des cibles géographiques couvertes ou visées : le contenu des journaux est le même, les images identiques, les sujets et les reportages créés à part égale en anglais et en français.

FRANCE 24 n’est pas une chaîne française traduite en anglais ou en arabe.

Voici aussi des informations sur l’effectif de France 24 :

- 380 collaborateurs d’horizons différents, dont les plus grandes chaînes d’information internationales (CNN, BBC World, ABC,
CBS, Al Jazeera…) et les formations initiales les plus prestigieuses (CFJ, ESJ Lille, Sciences Po, Columbia, London University,
Polytechnique, Harvard, HEC…)
- 170 journalistes formés aux supports de communication informatique (gestion des dépêches, vidéos et montage)
- 160 techniciens travaillant sur des supports exclusivement informatiques
- 40 personnes dédiées à la distribution et aux directions fonctionnelles
- 3 langues de travail (français, anglais, arabe)
- 28 nationalités représentées
- Une moyenne d’âge de 33 ans