Le web 2.0 pour les nuls : tags et folksonomies

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Parmi les marques de fabrique du web 2.0 on trouve les tags et les folksonomies, à tel point d'ailleurs qu'il suffit parfois de plaquer ça sur du web 1.0 pour recarrosser un vieux concept en deux coups de cuillère à pot.

Les tags sont simplement des étiquettes qu'on peut coller à loisir sur du contenu. Comme on veut, où on veut, autant qu'on veut. Par exemple ici sur ce billet, je vais plaquer les étiquettes "web 2.0", "tags" et "folksonomies", ce qui me permettra de retrouver plus tard l'ensemble des billets partageant tout ou partie de ces étiquettes. C'est une façon simple et rapide de qualifier du contenu et de naviguer dedans par association.

Sur mon blog je décide de l'étiquetage des billets en magasin, mais bientôt vous pourrez vous aussi coller vos tags sur mon contenu (et venir l'enrichir sans que j'ai besoin de bouger les oreilles, ça aussi c'est très web 2.0, ça s'appelle le crowdsourcing, concept lui aussi très à la mode en ce moment, qui consiste à utiliser gratuitement le temps de cerveau disponible de vos visiteurs pour les faire travailler pour vous, il n'y a pas de raison que seul Patrick Le Lay en profite). [Blague privée] Et puis ça me permettra de dire à Nicolas Voisin que ses piles sont à plat et qu'il peut arrêter ses bêtises. [/Blague privée]

Dans le monde de la gestion des connaissances, quand on veut structurer les choses, on crée une taxonomie (les informaticiens sont paresseux mais ils aiment que les choses soient bien rangées, pas chez eux ou sur leur bureau, mais dans leur système d'information). Pour ça on réunit un comité avec des gens autorisés qui décident du vocabulaire autorisé pour classer les choses autorisées qu'on va stocker dans le congélateur à connaissances système de knowledge management autorisé (et du lieu de la prochaine réunion à la faveur de la météo qu'il fera dans tel ou tel hémisphère le mois prochain). Après une rotation de la terre autour du soleil, on arrive parfois à une taxonomie tellement complète qu'on l'appelle ontologie (ce qui n'est pas l'art de gérer la honte en informatique mais l'étude des propriétés générales de ce qui existe, c'est dire la modestie du concept l'ambition du projet).

Dans la vraie vie, on s'est vite rendu compte de trois choses : 1) KM en fait ça veut dire kilomètres et les "réunions Miles" ça coûte cher, 2) quand le vocabulaire autorisé est enfin validé, l'entreprise a déjà été restructurée deux fois et personne ne comprend un traître mot de la taxonomie officielle (à commencer par le mot taxonomie), 3) personne (en dehors des informaticiens) n'aime "ranger" les informations dans un système de classement.

Si personne n'a envie de faire l'effort de classer les informations, on a par contre culturellement l'habitude de coller des étiquettes. De petits malins ont donc trouvé une astuce géniale : plutôt que de dépenser du temps et de l'argent à créer une taxonomie officielle qui sera obsolète dès sa sortie et que personne ne va utiliser, laissons les gens étiqueter le contenu librement, avec leur propre vocabulaire. C'est le concept de folksonomie, la "taxonomie des gens". Notez que "les gens" est également un ingrédient de base du web 2.0 (tout est lié on vous dit).

Et là, miracle, ça fonctionne ! En fait c'est tellement simple que même des dindes y arrivent, c'est vous dire. La preuve en image :

tagada

Je ne vous dirais pas où j'ai trouvé ce splendide nuage de tags (qui est une façon de présenter les tags les plus populaires et de naviguer dedans), mais avouez que ça vous donne instantanément une idée du contenu et de l'ambiance, sans parler d'une furieuse envie d'explorer tout ça plus avant ! Essayez donc de faire ça avec une approche KM classique ;-). Au passage, j'illustre l'axiome qui veut que lorsqu'une technologie est utilisée par l'industrie du sexe, elle fera des petits chez la ménagère de moins de cinquante ans (ah, le Minitel rose !).

P.S.
- Je sens que je tiens un concept de série, là.
- On trouve vraiment tout dans Wikipedia, une véritable application web 2.0 avec une interface d'informaticien 1.0. Mais avouez que c'est quand même moins drôle qu'ici.