Tribulations dans le métro

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Il y a deux semaines, station Hôtel de Ville, ligne 1, direction Château de Vincennes. Alors que j'arrive sur le quai je vois tout de suite qu'il se passe quelque chose d'anormal. La rame qui arrive est stoppée dans le tunnel, juste avant le quai. Elle redémarre mais stoppe aussitôt, avance à nouveau, lentement, avec quelques acoups. Alors qu'elle arrive au milieu du quai, son conducteur stoppe, descend de sa cabine et engueule deux clochards, qui ne faisaient que discuter l'un avec l'autre et se taisent sans bouger en attendant que l'orage passe. Le conducteur, qui à cet instant s'est donné une allure et un comportement simiesque, remonte dans sa cabine et relance son train qui, pour le coup, semble rouler normalement. Une chose me saute aux yeux : les deux clochards étaient cachés par un coffrage de travaux en bois et le conducteur ne pouvait pas les voir avant d'arriver à leur hauteur. Soit il a profité de la faible allure du train, soit il les avait repérés en passant dans l'autre sens. Peu importe, et outre le fait qu'il était évident que ce type vidait son sac sur ces deux malheureux, je me demande s'il est de la responsabilité d'un conducteur du métro de descendre d'une rame en plein milieu du quai pour aller y faire la police.

Hier, toujours sur la ligne 1, station Gare de Lyon. Alors que le train arrive à quai, la moitié des néons de la rame s'éteignent, signe infaillible que le courant vient d'être coupé sur les voies. Nous patientons de longues minutes, dans un calme appréciable. Puis le conducteur fait l'annonce suivante : "Comme vous avez pu le constater le courant a été coupé, nous attendons que l'agent ramasse ce qui est tombé sur la voie... ou qu'il se ramasse tout seul." On sent qu'il rigole et les passagers avec. Le train repart dans la minute.

Ce soir, ligne 2, station Colonel Fabien, direction Nation. Je rentre dans la station en me disant que j'ai loupé le métro, car des passagers sortent de la direction que je vais prendre. Alors que j'arrive sur le quai, je vois que le train s'est arrêté à mi-quai, les derniers wagons visibles et portes ouvertes. Une femme est allongée au début du quai, sur le dos, un sac sous la tête, entourée d'une demi-douzaine de personnes. Elle est consciente et semble vouloir se relever alors que quelqu'un lui conseille plutôt de rester allongée. Au fond du quai les gens commencent à sortir de la rame, certains attendent sur le quai à cause de la chaleur, d'autres vont voir ce qui se passe au début du quai, d'autres enfin ont décidé qu'ils iraient plus vite à pied. J'entre dans la dernière voiture, qui s'est vidée un peu. Au bout de plusieurs minutes, le signal d'alarme s'arrête et le signal de fermeture des portes retentit. Les gens remontent, les portes se ferment et le train repart... pour s'arrêter quelques secondes plus tard. Quelqu'un a à nouveau tiré sur le signal d'alarme. Un type complètement bourré se met à vomir un flot d'insanités où il exprime son désir de "fracasser la tête au bâtard qui a fait ça" (enfin, en substance, je crois que c'était ça). Les portes s'ouvrent et le brouhaha se déplace à l'avant de la voiture où il semblerait que l'énergumène en question se situe, car j'y entend proférer des menaces d'éjection manu-militari par d'autres passagers passablement furax de ne pas se trouver devant leur télé (le match a commencé depuis 40 mn). Nouvelle attente. Je ne vois pas le conducteur se déplacer pour désamorcer le signal d'alarme (il est probable que ce soit dans un autre wagon). Le train repart enfin. Un type qui tenait le crachoir au type bourré de tout à l'heure s'assoie à côté de moi, un gobelet de bière à la main. A l'odeur qu'il dégage, mon nez, malgré lui transformé en alcootest, me signale qu'il doit lui rester quelques grammes de sang par litre d'alcool. Je remonte le son de mon iPod et remercie Apple pour ses écouteurs intra-auriculaires, qui font merveille pour s'isoler quand on est tombé par malchance dans un wagon à bestiaux.

P.S. échange sur le chat ce soir :
François : Italie 5 - France 3, forza Italia, demain Chirac et son porte-seau feront encore un record historique au fond de la poubelle des sondages... Des boeufs tu disais ?
Franck : Vive la démocratie!