Petite Anglaise vs Dixon Wilson

Catherine S., alias Petite Anglaise, veut poursuivre son ancien employeur, Dixon Wilson, devant le conseil de Prud'hommes. Dans un article publié sur le site du Guardian, et titré I was fired for blogging (j'ai été virée pour avoir blogué), elle explique qu'elle en fait une question de principe et qu'ainsi elle garde sa liberté d'expression sur cette affaire pour pouvoir aider à clarifier la situation légale en France :

En France les frontières ne sont pas clairement tracées en droit du travail. Où s'arrête la liberté d'expression et où commence la loyauté envers l'employeur (une clause de loyauté est incluse dans la plupart des contrats de travail français) ? En publiant des photos à l'occasion, ai-je renoncé à mon anonymat ? Le règlement intérieur de l'entreprise concernant l'usage personnel de l'email et d'internet est-il sans faille ?

Seul l'avenir le dira, mais j'espère que Petite contre Goliath aidera à clarifier certaines de ces questions et à créer une jurisprudence utile pour les blogueurs français qui pourrait être victimes du même sort dans le futur.

Je n'étais donc pas loin en écrivant mardi qu'elle pourrait bien être à l'origine d'un des premiers jugement prud'hommaux en matière de blogs de salariés. Sauf que depuis, je lis que les motifs invoqués par Dixon Wilson sont passés de la faute grave avec mise à pied à faute réelle et sérieuse avec préavis payé mais non effectué (une reconnaissance, de fait, du caractère exagéré de la réaction initiale de l'employeur). La bataille ne va pas être si simple, d'autant qu'une transaction paraît plus raisonnable et que la voie juridique sera longue et difficile.

Le Monde a aussi publié un article sur le sujet.

Via le commentaire de Yannick sur cet article de Pointblog, je découvre le point de vue contradictoire d'Olivier Davoust, qui n'achète pas l'histoire, qui "pourrait avoir des relents de Queen of sky" et "sent trop la com pour être honnête". Je pense également que la médiatisation de cette affaire est gérée, mais en homme de communication ça ne me choque pas, ça n'enlève ni n'ajoute rien au fond et c'est parfaitement dans l'intérêt du salarié. Je trouve également qu'Olivier se tire une balle dans le pied en affichant une prudence de bon aloi ("sur le fond du dossier je me garderai bien de tout jugement") pour tomber ensuite directement dans le parti-pris qu'il tente pourtant de dénoncer ("En fonction des élements dont je dispose, j'aurais pris la même décision de la licencier").

En relation avec le sujet, j'ai quelques billets en magasin qui pourraient vous intéresser (et dont je recommande vivement la lecture aux managers de Dixon Wilson) :
- Blogs de salariés, espaces de liberté
- Identité et marque personnelle vs professionnelle
- Blogueur de seconde zone (retour sur l'affaire Garfieldd)
- De la parole (un très beau texte de Philippe Bilger sur la liberté d'expression)

Et puis cette affaire va peut-être me permettre de tester la validité du chapitre juridique de Blogueur d'entreprise.

[Mise à jour] En parlant de juridique, Maître Eolas décortique la lettre de licenciement de Petit Anglaise, et taille à nouveau un costard à Dixon Wilson (ils sont habillés pour l'hiver). Je suis entièrement de son avis sur le fait que c'est le comportement de Dixon Wilson dans cette affaire qui nuit à sa propre image.