Pour l'égalité des droits en 2007 ?

Petite marche de santé cet après-midi. J'ai commencé par une incursion dans le monde de la pédale au magasin Bike in Paris à Montparnasse, sur les conseils d'un maître en la matière. Essai programmé pour enfourcher une bestiole de ce genre-ci ou bien celui-là.

Retour aux choses sérieuses par une remontée par l'arrière de la marche des fiertés lesbienne, gay, bi, trans comme l'appellent ses organisateurs (la gay pride pour les autres).

J'ai commencé par repérer la fin du cortège, marqué par la nuée de véhicules verts de la Propreté de Paris. Je me suis fait tirer dessus par un policier avec son gros calibre depuis le char de Flag, ça refroidit, mais c'était le but. Le char des trans était loué à "Trans Cars Express" (ou un nom comme ça, je n'invente pas). La région Ile-de-France avait un bus entouré par un cordon de sécurité rouge, très efficace puisqu'il tenait tout le monde à distance de cette forteresse roulante. Tenir ses distances semblait être également le comportement de la foule autour du char des gays UMP et libéraux (Gaylib) réunis pour l'occasion (dans l'adversité ?). J'ai découvert EnerGay, "Association des lesbiennes, gays, bi et trans des industries électriques et gazières et de leurs ami(e)s", rien que ça. Plus loin, la SNCF nous rappelait que le TGV, c'est "25 ans de va et vient" (rien que ça aussi). Bref moment de nostalgie en passant à côté du CGL et de SOS homophobie. Croisé plusieurs groupes jouant magistralement du tambour, très sympa. Ca fumait bio sur le char des Verts, où la gent féminine prépubère semblait former le gros de la troupe. Act-Up Paris a abandonné son traditionnel 38 tonnes et sa sono 10 megawatts pour un long linceul noir de circonstance et un slogan mi-figue mi-raisin "J'irais quand même danser". J'ai à peine remarqué la fourgonnette du P.S. que j'ai plus devinée par la quantité de tracts MJS et HES qui jonchaient le sol derrière elle. Pendant les trois minutes de silence dédiées aux séropositifs, malades et victimes du SIDA, et alors que j'étais coincé dans une vraie marée humaine à l'angle Saint-Germain Saint-Michel, j'ai entendu un jeune américain dire "this is the most sweatiest (sic) thing I've ever done". J'ai pensé, sans rompre le silence, "so you've not made love yet". La chose blonde et échappée tout droit d'American Pie qui l'accompagnait a répondu "I hate sweat!". Indeed. Les motards qui ouvraient la marche faisaient du bruit mais pâle figure comparés aux Dikes on Bike que j'ai pu voir à San Francisco. Le service d'ordre était apparemment assuré par des militants du PCF (du moins tous celles et ceux que j'ai vu avaient un autocollant du parti à côté de leur brassard). Derrière une voiture de police et une autre des RG, une Mariane noire et trans montée sur talons hauts ouvrait le cortège.

Au total, 2h30 à pied de Montparnasse à la Bastille. Et je n'ai croisé que deux visages connus, tous les copains ayant déserté sur le thème "place aux jeunes". Dommage, c'était plutôt une belle marche, et par beau temps en plus.

Le thème de la marche — au passage, une manifestation qui a toujours eu une dimension politique quoi qu'en dise la majorité en place chaque année — en cette année pré-electorale est "Pour l'égalité en 2007". C'est marrant, pour avoir bourlingué un peu sur le sujet, et même si seuls les imbéciles ne changent pas d'avis, j'ai tout de même infiniment plus de respect pour (et confiance en) un DSK qui s'est engagé il y a plus de deux ans que pour une Ségolène Royal dont les positions semblent désormais varier en fonction d'une arithmétique politique, alors qu'elles ressemblaient plus à des convictions bien ancrées quand elle n'était pas encore présidentiable. Quant à Nicolas Sarkozy, j'attend avec impatience la régurgitation de la digestion intellectuelle de Luc Ferry sur le sujet.