Marseille

Après l'université d'été de la Fing à Aix-en-Provence, je suis resté une journée à Marseille pour visiter la ville, dans laquelle je n'avais pas remis les pieds depuis presque 30 ans ! Gros contrastes et sentiments mitigés.

Vendredi soir, je n'étais pas descendu de la navette en provenance d'Aix depuis deux minutes qu'un jeune me faisait les poches pour me piquer mon portable ou mon portefeuille. Il s'était approché tout sourire en baragouinant un truc à propos de Sarkozy (!) et en essayant de détourner mon attention en me tapant la jambe avec la sienne, mais dès que je me suis rendu compte qu'il avait la main baladeuse son sourire s'est aussitôt envolé et lui avec. Plus tard, dans le métro, ce seront deux autres jeunes qui mettront le boxon, l'un pour impressionner l'autre, en arrachant une affiche de pub dans la rame et en brûlant la protection plastique du panneau. Toujours dans le métro j'ai vu un couple, la quarantaine bien tassée, engueuler comme du poisson pourri une employée du métro parce qu'elle ne pouvait rien faire pour réparer ou remplacer leur carte qui était démagnétisée, au cri de "nous sommes clients, vous ne savez pas ce que c'est un client, c'est le transport le plus cher du monde, vivement que vous soyez privatisés, ça sera bien fait pour vous". Sur le quai, le spécimen mâle de la meute répètera "il faut les privatiser et voter extrême droite". Si quelque chose était démagnétisé, je pencherais plutôt pour son cerveau. Enfin, je verrais un policier harranguer un livreur de journaux qui s'était garré devant une librairie sur le vieux port au motif qu'on a "aboli les privilèges depuis deux siècles", et le libraire d'en venir presque aux mains avec le policier, qui en rajoutait en retour ! Réflexion au comptoir du cafetier : "Pourquoi est-ce qu'ils s'en prennent toujours aux gens qui travaillent ?".

J'avais cherché un hôtel avec WiFi sur internet et trouvé le Kyriad sur le vieux port. Vérification faite en téléphonant, on me dit que l'accès est facturé en supplément, sur un prix de 70€ la nuit. J'ai répondu que ce n'était pas indiqué comme supplément mais comme prestation sur leur site web, et que je pouvais trouver l'équivalent sans WiFi à moins de 50€, ce que j'ai fait. Il existe toujours une belle opportunité pour les hôteliers de se différencier des chaînes en offrant l'accès gratuitement, mais ça traîne toujours en France. Ceci dit je dois avouer que je m'en suis parfaitement bien passé (j'échapperais peut-être à la cure de désintoxication finalement :p). J'ai passé la nuit à l'hôtel Béarn pour 45€, un vieil hôtel derrière la Préfecture (le préfet est nettement mieux logé que le maire soit dit en passant), propre mais sérieusement défraîchi, limite glauque. J'ai été réveillé par les gémissements de la voisine qui semblait fortement apprécier ce que lui faisait son copain, mon premier ex m'en aurait fait une jaunisse ;-).

Samedi matin je me suis rendu à la gare Saint-Charles pour imprimer mon billet iDTGV. Là, gag, j'avais noté la référence de l'aller en croyant qu'il y avait une référence unique pour l'aller-retour. Raté, et comme le kiosque est un machin complètement spécifique non relié à internet, ce qui m'aurait permis de retrouver mon dossier tout seul, l'hôtesse d'accueil a dû appeler un collègue en communiquant mon numéro de carte bancaire pour retrouver la référence. Elle m'a ensuite fait un papier à la main parce qu'il n'y avait pas d'imprimante ! Excellent accueil au passage. J'ai eu moins de chance à la consigne, où le garde m'a refusé l'entrée au prétexte que j'avais un ordinateur portable dans mon sac-à-dos et qu'ils sont interdits en consigne (ce n'est indiqué nulle part sur les multiples panneaux, et il ne m'a donné aucune explication sur cette interdiction que je ne comprends pas). J'ai donc crapahuté toute la journée dans la ville avec mon sac sur le dos, en prenant le bon côté de la chose : ça fera toujours une bonne séance de sport.

Au total j'ai visité, dans l'ordre, le Panier (mercredi soir, ambiance Marcel Pagnol), le vieux port, pris le bus 83 du rond-point du Prado jusqu'au jardin du Pharo (avec arrêt sur la plage du Prado), Notre Dame de la garde (à pied depuis le jardin P. Puget parce que le chauffeur de bus avait dit "c'est juste à dix minutes à pied", tu parles, Charles, t'as pas dix kilos sur le dos !), le palais de Longchamp et son parc, la place Thiers/Jean Jaurès, et le cours Julien. Joli balade sous un soleil de plomb, je ne sais pas comment j'ai échappé à l'insolation (mais j'ai encore la peau qui chauffe).

Mercredi, Garfieldd m'avait prévenu que toute la ville était en travaux, et effectivement c'est impressionnant, il y a des trous partout ! Il avait aussi plaisanté sur les désidératas des commerçants qui voudraient obtenir un statut de ville touristique mais qui prennent tous leurs congés annuels en juillet-août.

J'ai un sentiment très mitigé sur Marseille. C'est une belle ville, quoique sale et bordélique, que je n'aime pas. J'y ai ressenti, et subi, une aggressivité énorme. Quelque chose à laquelle je ne suis pas habitué à Paris. C'est ce que, malheureusement, j'ai vécu à Nice il y a 15 ans et qui m'a fait détester cette ville et la région toute entière, que j'avais quittée sur ce constat : bel endroit, dommage qu'il soit habité. Prochaine tentative dans 30 ans ?

P.S. j'ai retiré le "que je n'aime pas", parce que ce que je n'ai pas aimé de ces deux brefs passages dans la cité phocéenne, c'est l'agressivité que j'ai ressentie dans cette ville, pas la ville elle-même. La prochaine tentative aura probablement lieu avant 30 ans, et surtout avec un bon guide. Je n'ai fait que retranscrire un court moment vécu là-bas, sachez relativiser. Je cherche pas à généraliser, ni à comparer Marseille et Paris, alors épargnez-moi ça dans vos commentaires SVP. D'autre part j'ai vécu deux ans à Nice, et je sais faire la différence entre un vécu de touriste de passage et le vécu d'un habitant.