Un café parisien résiste aux fachos partisans du délit de blasphème

Mais les algarades vont bientôt s'interrompre, provisoirement, avec l'administration d'un très solennel cours d'instruction civique. L'homme qui s'exprime est aveugle et, le verbe posé mais intense, la voix calme mais vibrante, il délivre la parole du sage : "le plus grand mal n'est pas d'être choqué mais de ne pas être confronté à ce qu'on ne voit pas". Le silence est total, le moment saisissant. Est alors laissé à la réflexion des fachos le conseil de cet homme d'expérience : "n'aie pas peur d'être choqué". Hélas le vibrant plaidoyer pour le bar qui a suivi, et la courageuse liberté qu'il incarne, s'effacera sous le poids d'éructations désordonnées. A un jeune réac qui vomit que "les dessins dévalorisent la culture", une réplique jaillit, cinglante : "la religion n'est pas une culture !" Quand les intolérants exigent "le respect pour les gens", on réclame aussitôt le même respect pour les athées.

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Cette nouvelle classe de culs-bénits, âgés d'une vingtaine d'années et se parant des atours - superficiels - de la modernité (téléphones portables, lecteurs MP3, fringues, etc.), est apparue sous son vrai visage : la résurgence d'un discours de haine et d'exclusion contre quiconque pense autrement, ou quiconque pense, tout simplement. Tout aussi instructif est le fait que tous ne sont pas musulmans (l'un est incapable de préciser ses croyances tandis qu'un autre est un rasta jamaïcain). On mesure là l'efficacité du travail de sape effectué dans les quartiers pauvres par l'islam politique quand c'est jusqu'aux non musulmans qui contribuent à l'implantation de cette idéologie absolutiste, machiste et raciste. La soirée aura donc été salutaire sur cette clarification : l'œcuménisme des fachos unit les religions face aux ennemis communs, la liberté d'expression et la laïcité. On le savait déjà mais on confirme. D'où la justesse du dessin de Faujour sur l'affiche de l'exposition : face à un imam, un rabbin et un curé, et sous le titre "oui à l'amalgame", un homme déclare, rigolard : "vous êtes tous aussi cons !"

Débat houleux à la mer à boire.