Et ma CNIL c'est du poulet ?

Alors que Bertrand Lemaire appelle les internautes à porter plainte contre l'UMP pour spamming, afin d'aider un peu la CNIL à faire son boulot, Frédéric Couchet vient de voir sa plainte classée sans suite. Le procureur de la République de son domicile considère que le préjudice est de peu de gravité, et Frédéric pointe bien le problème :

On pourrait éventuellement considérer que, pour un spam particulier, la victime ne subit qu'un petit préjudice. Le problème est de recevoir des centaines de spam par jour parce que les spammeurs agissent en quasi totale impunité.

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Il nous est difficile d'agir directement contre les spammeurs étrangers, mais on peut au moins essayer de faire quelque chose contre les spammeurs français. Faudrait-il encore que des enquêtes soient diligentées.

Impunité, c'est le mot. Les escrocs à la petite semaine le savent bien, tout comme de plus en plus de patrons fort peu scrupuleux de la loi sur la protection des données personnelles qui ont bien compris, au pays où le "pas vu, pas pris" devient de plus en plus "vu, mais même pas mal", aidés par un système judiciaire inadapté et débordé, et une CNIL qui ne fait pas exactement preuve d'une efficacité foudroyante (pouf pouf). Et les politiques le savent mieux que personne, maîtres qu'ils sont dans l'art de l'impunité (j'avais écrit umpunité, joli lapsus, mais les "cowboys au far web" feront l'objet d'un autre billet). A ce sujet, j'avais soumis à l'un de mes avocats préférés l'hypothèse d'école de déposer une plainte contre le président de l'UMP (puisque c'est la marchandise principale qui est mise en avant dans le spam en question) et la réponse (l'on me corrigera sans doute en cas d'erreur) était qu'aucun tribunal n'accepterait une telle plainte sans réclamer une caution financière substancielle qui a toute les chances de ne jamais revenir au plaignant, en bref on n'attaque pas le ministre de l'intérieur comme ça pour si peu.

Je suis réaliste, donc pessimiste en l'occurence, sur l'efficacité de la loi pour lutter contre le spam en France, et plus particulièrement le spam politique (alors que, paradoxalement, il semble encore plus encadré que le spam commercial). Et ça fait longtemps que la CNIL s'évertue à prouver qu'elle n'est qu'un machin, au sens que de Gaulle lui donnait, fort bien aidée en cela par son président. Voilà pourquoi j'ai gueulé exprimé vivement à la conférence politique 2.0 ce que je pense des méthodes de communication préconisées par M. Dassier, qui ne m'enchantent pas du tout, et de la nécessité que s'imposent des gardes-fous contre, justement, les fous sans foi ni loi.

P.S. Bertrand Lemaire se demande qui prendra la lutte au sérieux.