Epitaphe à Jean Paul II

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J'ai toujours eu une sainte horreur des cultes de la personnalité ou du mythe du leader providentiel, alors en ces temps d'idolâtrie papale je vous offre la traduction d'un extrait d'une tribune de Thomas Cahill que Ceteris Paribus a publié en anglais (le traître ;-), j'ai souligné les mêmes passages que lui) :

L'héritage le plus durable de Jean Paul II au catholicisme viendra des nominations épiscopales qu'il a faites. Afin d'être nommé évêque, un prêtre aura dû se montrer absolument opposé à la masturbation, au sexe avant le mariage, au contrôle des naissances (y compris aux préservatifs utilisés pour prévenir la transmission du virus du SIDA), à l'avortement, au divorce, aux relations homosexuelles, au mariage des prêtres, aux femmes prêtres et à toute forme de marxisme. Il est pratiquement impossible de trouver des hommes qui souscrivent du fond du coeur à cet entier catalogue de certitudes et le résultat est que les rangs de l'épiscopat sont remplis de sycophantes stupides et d'incompétents intellectuels. Les bons prêtres ont été court-circuités et pas que quelques-uns, dans leur frustration grandissante alors que le pontificat de Jean-Paul II s'étendait, ont quitté leur prêtrise pour chercher à s'accomplir ailleurs. [...]

Malheureusement, Jean Paul II a représenté une tradition différente, celle du papisme agressif. Alors que Jean XXIII avait cherché simplement à montrer l'intérêt d'une église qui éduque plutôt qu'une qui condamne, Jean-Paul II fut un procureur enthousiaste. Certes, on s'en souviendra sûrement comme l'une des rares grandes figures politiques de notre temps, un homme d'un courage physique et moral sans pareil concernant la lutte contre le communisme oppressant et inhumain d'Europe de l'est. Mais il ne fut pas une grande figure religieuse. Comment aurait-il pu l'être ? Il sera peut-être, à l'avenir, rendu responsable d'avoir détruit son église.

Je ne peux que souscrire à ce portrait (ainsi qu'au parallèle que fait Emmanuel entre la façon de gouverner de Bush junior et celle de Jean Paul II), encore que j'ai mes doutes sur le caractère décisif de l'influence qu'il aura eu sur la chute du communisme (que je sache, ce sont les peuple opprimés qui ont fait tomber leurs oppresseurs et on n'a pas vu Jean Paul II donner de coups de massue sur le mur de Berlin).

Mais surtout, et ce sera mon épitaphe personnelle d'ancien catholique pratiquant et de citoyen de seconde zone à ce triste personnage, je me souviendrai de Jean Paul II comme d'un monument d'hypocrisie, d'intolérance, d'interventionnisme méprisable dans la politique des états laïcs, d'intégrisme religieux et dont les positions criminelles contre le préservatif ont condamné durablement des millions de gens à la maladie et à la mort.