Eglise catholique, le cadavre bouge encore

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La stratégie de momification de l'épiscopat catholique dans une vision moyenâgeuse du monde a donc payé, puisqu'il n'aura pas fallu plus de 24 heures au Vatican pour se choisir un pape qui fera passer Jean Paul II pour un dangereux gauchiste.

A la tête hier de la Sainte Inquisition (renommée depuis Congrégation pour la doctrine de la Foi, ça le fait mieux), donc déjà bien connu pour son progressisme, même tout jeune(1), le cardinal Ratzinger était l'éminence grise(2) de Jean Paul II en matière de conservatisme. Le commentateur d'Euronews ironisait d'ailleurs hier sur le fait que Benoît XV avait, je cite, "tourné le dos au modernisme". On peut imaginer qu'il aura maintenant les coudées franches pour terminer de confire l'église catholique dans une rigidité cadavérique de bon aloi. J'attends avec impatience la béatification dans la foulée de Jean Paul II et Pie XII (qui avait suivi les activités sportives et socioculturelles du petit Benoît XVI et de ses camarades avec la bienveillance qu'on lui connaît).

On pourrait être tenté de croire qu'avec un épouvantail pareil (juste pour rire, et sans une once de charité chrétienne, voir Ratzinger vs. la famille Adams, Ratzinger/Hannibal ou Ratzinger/Palpatine) ses positions seront tellement caricaturales qu'elles embarrasseront ses propres partisans (comme l'effet repoussoir qu'a eu Christine Boutin pendant la discussion sur le PaCS), mais il faut toujours se méfier des fanatiques, surtout quand ils sont à la tête d'un état, et surtout quand ils sont vos ennemis déclarés. Je ne trouve en effet rien de rassurant à constater que d'un côté l'on fait pression sur les candidats à l'Europe pour qu'ils respectent les droits de l'Homme et suppriment les discriminations de leur législation, y compris en matière d'homosexualité et, de l'autre, mon pays qui se prétend république laïque met ses drapeaux en berne, envoie ses préfets à la messe et diffuse les obsèques du pape sur sa chaîne parlementaire, alors que ce dernier pensait et que son successeur pense toujours que les homosexuels sont des malades et une menace pour la société.

C'était ma rubrique "connaissez vos ennemis". La semaine prochaine je reviendrai à un programme plus orthodoxe, par exemple pourquoi le site du Vatican ne respecte pas les standards web.

(1) il n'a sans doute pas eu vraiment le choix à 17 ans. Comme le dit Pierre, c'est au moins la preuve que l'infaillibilité papale n'est pas rétroactive.
(2) alors qu'on dit qu'il assumait plus ou moins largement la charge du pouvoir à la fin du règne de JP2, j'imagine qu'il doit être heureux comme un pape maintenant (pouf pouf).