Les machines à voter en Suisse

Un citoyen helvète a laissé ce commentaire sur mon billet sur le scandale du vote électronique en France :

Je suis Suisse habitant en France. Je vote pour les affaires de mon pays par correspondance! On m'envoie le matériel par la poste, je remplis mon bulletin que je mets dans une enveloppe bleue, je remplis une autre carte avec mon nom et 2-3 autres données et je renvoie le tout dans l'enveloppe originale (oui elle peut être utilisée 2 fois). Mes compatriotes vivants en Suisse n'ont même pas besoin de mettre un timbre. Ce mode de scrutin à permis d'augmenter sensiblement la participation au vote.

Le débat sur le e-voting (par internet donc) à aussi lieu et il soulève bien sûr les mêmes craintes: comment ma grand mère pourra-t-elle savoir si son OUI aura vraiment été comptabilisé comme un OUI? Impossible s'il s'agit d'une boîte noire. Pourra-t-elle toujours voter avec un bulletin en papier? Diverses associations on réussi à mettre la puce à l'oreille de politiciens et aujourd'hui le code source de l'application (qui est par ailleurs la propriété de l'Etat!) peut être consultable à la Chancellerie.

Pour plus d'infos sur ce mode de voter qui est encore loin d'être à maturité il y a le site de l'Etat de Genève:
http://www.geneve.ch/chancellerie/E-Government/e-voting.html
(vous remarquerez qu'il y a aussi des liens depuis ce site vers les opposants au projet comme par exemple le GULL Groupement des usagers de Linux Léman: http://www.linux-gull.ch/evote/ )
Le débat est bien là et c'est tant mieux.

Au moins en Suisse on ne fait pas l'économie d'un débat et on n'occulte pas les problèmes évidents ni les avis divergents.

Extrait du site du GULL concernant l"ouverture du code source des machines à voter pour supprimer leur caractère de boites noires :

Les objections à l'utilisation du modèle open-source qui ont été entendues sont les suivantes:

  • Selon election.com, dans l'article de "L'année de
    l'entreprise
    ", "livrer [les algorithmes de leur programme] au
    grand public est impensable. Ce serait tendre la joue aux hackers et
    aux concurrents
    ". Concernant les hackers, ceci est démenti par la
    plupart des experts en sécurité, y compris ceux qui ont audité le
    prototype genevois. En addition, soutenir cette position implique
    qu'on accepte que des failles de sécurité existent dans le système, et
    que l'on cherche à se protéger en les gardant secrètes, ce qui n'est
    évidemment pas acceptable. Si un système open-source est considéré
    "sûr", cela signifie bien que personne ne connaît d'attaque possible,
    et non pas seulement que ces possibilités d'attaque sont gardées
    secrètes !
  • Concernant l'accès du système à un concurrent, il est compréhensible dans
    certains cas qu'une entreprise raisonne de cette façon, mais ce serait un
    étrange choix dans une société démocratique que d'accepter qu'un système reste
    interdit d'accès au public pour cette raison - considère-t-on que les intérêts
    d'une entreprise priment sur la transparence du processus de vote et
    l'intérêt des citoyens ?
  • Enfin, la seule critique qui était dirigée spécifiquement contre
    la prise de position du GULL figure dans la conférence href="http://www.geneve.ch/chancellerie/E-Government/20011212.html">
    Chances et défis du vote par Internet de R. Hensler: "[Les
    résistances d'ordre sociologique] ne se manifestent paradoxalement pas
    parmi les "utilisateurs moyens" d'Internet ou de l'informatique, mais
    chez des universitaires qui reprochent au projet retenu de reposer sur
    un système propriétaire, dont le code source n'est pas dans le domaine
    public et qui manquerait de ce fait de caractère démocratique. Cette
    affirmation est fallacieuse, car 99% des citoyens - à commencer par
    moi - n'ont pas les connaissances nécessaires à auditer un outil
    informatique. Tout scrutin, y compris les scrutins traditionnels, sont
    contrôlés par des jurés. Le vote par Internet ne fera pas
    exception. [...] Le paradoxe, une fois de plus, est que ces craintes
    ne viennent pas de citoyens " moyens ", mais d'universitaires férus
    d'informatique.
    "


    Comme l'a remarqué un lecteur de cette page, il semble parfaitement
    logique que les craintes proviennent des gens qui connaissent le
    domaine, plutôt que des utilisateurs dits "moyens". Le vrai paradoxe
    est donc le fait que si le 1% d'utilisateurs qui ont les connaissances
    nécessaires fait des commentaires fait état de craintes, ils sont
    labellés d'une "résistance à un changement symbolique" - ou autrement
    dit: le 1% de gens qui aurait quelque chose d'intéressant à dire du
    point de vue technique est justement celui qu'on ne veut pas écouter
    !!


    Concernant le fond de l'argument, il est difficile de comprendre en
    quoi le fait que 99% des gens ne peuvent/veulent pas examiner le
    système justifie le fait que le 1% restant en soit privé. Pour faire
    un parallèle, la loi garantit que les opérations de dépouillement d'un
    scrutin sont publiques, et pourtant, largement moins que 1% de la
    population y assiste. Mais personne, parmi les 99% restants,
    n'accepterait que le dépouillement se fasse d'un seul coup à huis-clos
    !

La question de l'"open-source" dans le cadre du vote électronique
n'est donc pas tant un choix technique qu'un choix politique et de
société. [...]

Et où est-il le débat sur les machines à voter en France ?