Je ne t'aime plus

C'est fini.

Ce soir, j'ai eu la réponse à la question existentielle qui me taraudait depuis deux mois.

Quinze ans. Dans exactement trois mois, le 11 septembre, nous aurions pu fêter nos 15 ans de vie commune. Mais non, ce 11 juin 2004 j'aurais fini par lui faire avouer ce qu'il savait déjà et que j'avais bien deviné. Nous deux, c'est terminé.

Il y a bien longtemps, alors que nous militions pour la reconnaissance du couple homosexuel et l'égalité des droits, nous plaisantions sur le fait que le droit au mariage et au divorce seraient l'aboutissement de notre travail. Nous ne connaîtrons pas le mariage, du moins pas ensemble, mais la rupture de PaCS m'a bien l'air d'avoir tout du divorce. Moins de droits et pratiquement autant d'emmerdes, je savais bien que nous nous étions fait avoir quelque part.

Je me sens dans un état second. Bien qu'ayant espéré jusqu'au bout que les choses s'arrangent, étant toujours amoureux, c'est moi qui ai pris l'initiative de crever l'abcès. Après quinze ans ensemble, on fini par dépasser la simple complicité et frôler la télépathie. Lire dans l'esprit de l'autre presque comme à livre ouvert. La perspective d'un "partenariat domestique" -- pour traduire cette expression américaine si politically correct et si détestable de "domestic partnership" -- dans laquelle Philippe semblait vouloir se complaire à défaut d'avoir le courage de m'exprimer ses sentiments, me rendait malade.

Il va me falloir du temps pour digérer tout ça. Ne pas oublier (comment le pourrais-je, pourquoi le devrais-je ?) mais trouver comment retomber sur mes pattes et tourner la page. Je ne suis pas de nature à regretter quoi que ce soit mais il y a une foultitude de sentiments qu'il faut je que j'arrive à maîtriser.

Comme arrêter de pleurer.