Ne fermez pas la porte à Google

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Thomas chasse Google de son site :

Il y a une semaine, j'ai chassé Google et son robot. Devenaient trop bruyants, ces deux-là, et ramenaient des naufragés lubriques, des chercheurs pleins d'espoir à décevoir en un clin d'oeil, des assoiffés de liens, des mangeurs d'adresses de courriel...

Laurent abonde en considérant que Google "n’apporte qu’un trafic parasite et peu ciblé, surtout pour les blogues multithématiques".

J'ai du mal à comprendre l'intérêt d'une telle démarche, ou plutôt, je n'achète pas leurs arguments.

A la question de Thomas "Moins de visites, plus de modestie, et peut-être plus de sincérité ?" j'ajouterai celle-ci : se rendre moins accessible au commun des mortels, est-ce une marque de modestie ? Et je ne crois pas que la sincérité ait l'audience pour variable.

Laurent note que retrancher les visites issues de moteurs de recherche permet d'avoir "une idée de la vraie taille de son lectorat", et "vraie taille" me gêne autant que le "que" dans "n’apporte qu’un trafic parasite...".

Si le but est d'affiner l'analyse d'audience pour "masquer" les visites en provenance de moteurs de recherches, n'importe quel outil d'analyse un tant soit peu évolué le permet (j'utilise Summary, que je recommande chaudement). Virer Google parce qu'on voudrait l'enlever de ses statistiques c'est comme tuer tous les fumeurs parce qu'on voudrait enlever le prix de la cigarette du calcul de l'inflation.

Aujourd'hui, la majorité des internautes accèdent aux sites web grâce aux moteurs de recherche (dont Google représente environ 80% des requêtes), devant tout autre moyen. Moi-même, j'utilise Google plusieurs fois par jour, y compris pour retrouver une information que je sais exister sur tel ou tel site et qu'il m'est toujours plus rapide de retrouver via la petite boîte de recherche en haut à droite de mon navigateur qu'en explorant ma maigre liste de bookmarks, mon aggrégateur ou (le moins efficace) ma mémoire. Et Thomas note bien que Google amène les visiteurs sur les billets qui correspondent à leur recherche (que ce ne soit pas le cas des autres moteurs est un problème pour leurs éditeurs).

Je comprends le désir, légitime, de ne pas décevoir ceux qui atterrissent sur une page par les soins d'un obscur algorithme de moteur de recherche et n'y trouvent rien qui corresponde à leur requête. Cependant, quid de ceux qui, au contraire, y trouve quelque chose ? Retirer son site de Google est le plus sûr moyen de ne jamais le savoir. Analyser, dans ses statistiques, les phrases et les mots-clés utilisés permet de trouver quels sont les sujets qui font mouche et ce, beaucoup plus sûrement qu'en mesurant par des outils comme Technorati ou weblogues.com ce que le seul cercle intime des bloggeurs qui y sont affiliés trouve bon à lier chez soi. Par exemple, c'est uniquement grâce à Google que j'ai pu mesurer le volume très important de recherches faites autour de la constitution européenne ou des éditeurs WYSIWYG pour le web par l'audience singulière de deux de mes billets (ici et ici).

La position proéminente des weblogues dans les résultats de Google est un facteur qui leur est exogène, ils ne sont donc aucunement responsables du "bruit" évoqué par Thomas. Personnellement, et c'est le webmestre qui parle, je trouve que Google aurait tort de faire quoi que ce soit contre ça. C'est la meilleure démonstration qu'on puisse faire que le contenu, sa fraîcheur et son accessibilité sont autant de critères valables pour juger de la pertinence d'une page. Libre à la masse énorme de sites pour qui le contenu n'a jamais vraiment été la première des priorités d'en tirer les conclusions qui s'imposent. Mais avant de claquer la porte à Google, réfléchissez-y à deux fois.

Quant aux 1,781 visiteurs qui ont atterri ici depuis un an en cherchant padawan, que la Force soit avec vous !