Loin des yeux, loin du coeur (fatigue 2.0)

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Attention, râle de vieux con 1.0 qui a connu le Minitel et mêmes des trucs mous et poulpeux qu'on collait sur le combiné du téléphone avant l'arrivée des modems intégrés, et dont la vitesse dépassaient parfois quelques centaines de bauds[1] pour les plus chanceux d'entre nous. Je me souviens même du jour où pour la première fois j'ai vu de la couleur sur un écran. Certes, ça restait un écran monochrome, mais sépia. Sépia, merde, la classe !

L'avènement d'internet dans nos vies (enfin plutôt dans la vie du commun des mortels, parce que pour moi ça commence à faire plusieurs baux) a multiplié nos moyens d'échange en diminuant l'effort nécessaire et en abaissant certaines barrières physiques (la distance notamment). Après tout, j'habite de l'autre côté du globe par rapport à Paris, et je travaille quasi quotidiennement avec la métropole grâce à internet. Et avec quoi dans ma trousse à outil ? Principalement : un ordinateur portable, l'e-mail, tout ce qu'on peut faire avec un navigateur web et un peu de Skype. L'e-mail, dont on dit tant de mal, reste de très loin le premier outil de travail de cette trousse.

L'e-mail, le courriel si vous préférez, souffre de pleins de problèmes. Le spam d'abord, 85% du volume d'e-mails circulant en ce moment est composé de spam. D'image ensuite, du moins chez les geeks et les consultants 2.0. L'e-mail, rendez-vous compte ma bonne dame, c'est vieux comme mes robes ! Une techno basée sur des standards qui datent des années 70, ça ne peut qu'être complètement obsolète, n'est-ce pas ?

Et pourtant. Posez-vous la question de la place de l'e-mail dans votre travail. J'observe avec intérêt des gens comme Stowe Boyd qui en 2007 professait qu'il est OK de ne pas répondre aux e-mails renouer avec la pratique de la newsletter avec /Message , ou les réflexions des uns et des autres sur la revanche de l'e-mail avec Robert Scoble se plaignant de recevoir des contacts business via Twitter qui n'est pas un outil de travail aussi pratique. Belle découverte ! Je parie qu'à LeWeb 09, Robert va nous apprendre qu'aucune technologie web 2.0 (ni 3.0) ne multiplie le nombre d'heures que nous avons dans la journée.

Et c'est précisément le truc qui commence à me courir sur le haricot, de voir que de plus en plus de mes contacts passent un temps fou sur Twitter, Fesse-bouc et tout ce que le web 2.0 a produit pour projeter en temps réel et à la face du monde son « statut » du lever au coucher du soleil mieux que n'importe quel rapport de police, alors qu'ils ne répondent pas à mes e-emails. Eh, les mecs, je vous vois moi aussi.

Peut-être est-ce le syndrome loin des yeux, loin du coeur. Ou le décalage horaire. Après tout pendant ma journée la plupart d'entre vous dorment, et quand je peux avoir quelqu'un en direct live, il y en a toujours un de nous deux qui prend son petit-déjeuner. Mais quand même, vous avez oublié comment ça marche l'e-mail ou quoi ?

Alors aujourd'hui je vais essayer le carpet bombing 2.0 pour faire une petite expérience, et ma première victime sera mon ex-futur associé Joël Ronez :

Top chrono, j'attends la réponse de l'homme 2.0 toujours en ligne mais perpétuellement injoignable...

Tremblez, les autres.

P.S. C'est Touitter qui gagne, en moins de 10 minutes (et depuis son mobile).

Note :
[1] Une unité de mesure de vitesse équivalente, pour vous donner une idée, à la vitesse de l'escargot au galop. Etre chanceux à l'époque, c'était avoir un modem qui allait à 300 bauds. (Note à Xavier Niel, j'attends toujours la fibre optique dans mon immeuble, c'est lent ! ;-p)