Vote électronique, nouvelles du front

Avec un peu de retard, voici quelques nouvelles (dans le désordre) sur le front du vote électronique.

The Open Rights Group pointe les déficiences du vote électronique en Angleterre et en Écosse lors des élections de mai dernier. Michel Monette offre un point de vue québécois sur cette affaire. On retrouve les problèmes dénoncés depuis des années : opacité, déficiences, coûts élevés, risques de fraude, impossibilité de recomptage (ou grandes différences entre comptage électronique et manuel dans les cas où le (re)comptage manuel était possible, ex. comté de Breckland), incapacité des responsables des bureaux de vote à exercer pleinement leur rôle de contrôle sur le déroulement du scrutin.

Le Conseil Constitutionnel a rejeté la requête en annulation présentée par Emmanuel Broutin de Bry-sur-Marne. L'argument du nombre d'isoloirs est balayé sans surprise (je n'ai jamais cru à ce moyen), par contre juge « que, si le requérant soutient que la machine à voter du bureau de vote n° 1 de la commune de Bry-sur-Marne ne permettait pas aux électeurs déficients visuels de voter de façon autonome, comme l'exige l'article L. 57-1 du code électoral, cette circonstance, pour regrettable qu'elle soit, n'est pas de nature, à elle seule, à altérer les résultats du scrutin ». Ca énerve Hervé Suaudeau d'Aulnay-sous-Bois, et on le comprend, puisque sa ville a voté sur des machines qui n'étaient pas agréées, donc illégales.

Marc-Olivier Killijian, Ludovic Courtès, Michel Raynal et Matthieu Roy, chercheurs en sûreté de fonctionnement informatique au LAAS-CNRS et à l’IRISA, ont publié un article sur le vote électronique dans Rue 89 : Quelle confiance accorder aux ordinateurs de vote ?

Sur le blog TIC des maires des grandes villes, on apprend que le canton de Genève promeut le vote par internet. Ca c'est le serpent de mer effrayant qui se cache derrière le vote électronique, et en France c'est France Telecom qui ronge son frein depuis des années (ils rêvaient déjà de nous l'imposer à coups de Minitel et de lecteurs de cartes à puce).

Richard Stallman, fondateur de la Free Software Foundation, donne son avis sur le vote électronique. Il est contre, on pouvait s'en douter, mais ce qui est plus intéressant c'est qu'il ne tombe pas dans le piège de croire qu'il suffit de remplacer les boites noires par du logiciel libre, et ça c'est très bien !

Philippe Dallier, sénateur UMP, veut interdire les machines à voter. Il a même déposé une proposition de loi en ce sens. Pour preuve que le sujet n'est pas partisan ! (On se rappellera que le seul candidat à ne pas s'être prononcé contre les ordinateurs de vote était Nicolas Sarkozy, candidat UMP).

Aux Etats-Unis, la session parlementaire s'est terminée avec une petite victoire pour les activistes contre l'industrie du vote électronique et... Microsoft ! Ces derniers voulaient maintenir le secret industriel absolu sur leurs boites noires (ça ne vous rappelle rien ?) mais la loi leur impose de déposer tous les codes sources et de lever tout brevet et autre secret industriel au cas où leurs logiciels devaient être examinés pendant un procès. Cf. Computerworld, InterGovWorld, LinuxWorld (que de World!).

Toujours aux U.S, la fiabilité du vote électronique en question. Dans un rapport de la National Academy of Engineering intitulé "The Bridge, Voting Technologies" qui vient de paraître, Michael Ian Shamos revient sur les problèmes d'ingénierie des machines à voter électroniques utilisées lors des dernières élections aux Etats-Unis. Où l'on apprend que ces ordinateurs de vote sont infiniment moins fiables que de vulgaires ordinateurs.