Vélib' — premières impressions

Publié le :

Les premiers Vélib', plus de dix mille vélos en libre service (le double à fin 2007), étaient lancés hier à Paris. Je n'ai pas encore testé la chose, mais ayant pas mal circulé à vélo j'ai pu observer ces drôles de cyclistes du dimanche et glaner quelques impressions à chaud (32°C quand même, on avait oublié que c'était l'été).

Première réflexion entendue à la volée, un couple en selle :
« — La selle fait mal au cul.
— Ouais, hein ! »

Deuxième réflexion entendue d'un piéton :
« — Ils ont l'air vachement lourds. »
En fait, alors qu'il faisait chaud hier, je n'ai vu personne en sueur sur son Vélib', donc pas de panique. Ils ont effectivement l'air massifs, c'est dû à une conception qui me semble bien faite, de grands gardes-boue et des protections de chaîne et un peu partout contribuent à protéger de la pluie et solidifier l'ensemble. Ils ont l'air costauds, tout le contraire des vélos minables dont ClearChannel a équipé Barcelone, un bon choix pour diminuer l'usure. Leur poids est de 23 kg (selon Joël Ronez, pas vérifié l'info), ce qui est relativement important sans être excessif (le mien fait 20 kg tout équipé, j'y suis habitué et je roule vite).

Troisième réflexion (de Joël Ronez, alors que nous regardions le spectacle depuis la terrasse du Carrefour derrière le BHV), ces vélos ne sont pas faits pour rouler sur les trottoirs. En effet, poids et empattement ne rendent pas ce vélo très maniable à faible vitesse, et c'est très bien ! J'ai remarqué qu'un grand nombre des cyclistes du dimanche semblaient être des piétons qui n'avaient jamais mis les pieds sur un vélo, et qu'ils se conduisaient comme des idiots au milieu de leurs congénères. On peut donc en déduire qu'en plus d'éduquer les automobilistes, les Vélib' vont contribuer à mettre dans le crâne des piétons que le vélo est un véhicule à part entière qui n'a rien à faire sur un trottoir mais qui demande un peu plus de respect qu'à l'heure actuelle quand il roule sur la route.

Quatrième réflexion : le cycliste du dimanche ne sait pas rouler en file indienne. On dirait qu'un piéton sur deux roues ne perd pas sa sale manie d'occuper le maximum d'espace au détriment des autres usagers (en fait le piéton et le pigeon parisiens ont beaucoup de choses en commun : petit pois à la place du cerveau, trajet erratique, appréhension nulle de son environnement, nuisance permanente... :-p).

Cinquième réflexion : celui qui a écrit les conseils de respect du « code de la route et des autres usagers » n'est pas un cycliste. Un cycliste n'aurait jamais écrit la connerie bêtise suivante : « ne pas dépasser les véhicules par la droite ». Je vous mets au défi d'essayer ça à Paris, au milieu des livreurs de pizza hystéros en scooter, des deux roues qui foncent dans les deux sens et des crétins qui déboîtent sans prévenir ni regarder dans leur rétroviseur. Moi j'ai essayé de suivre bêtement ce code de la route fait exclusivement pour les voitures et je me suis fait renverser par un chauffard au bout de 24h, il y a exactement un an. Depuis, je roule et double prioritairement à droite, et j'y suis nettement plus en sécurité.

Sixième réflexion : les taxis qui déjà évitaient de travailler le week-end à Paris pour éviter les problèmes auront encore moins de boulot. Enfin, les parisiens vont pouvoir se déplacer librement en soirée dans une ville où il n'existe aucun service décent de transports la nuit.

Septième réflexion (de Louis Naugès) : il y a peut-être un business à monter pour la location de casques. Problème, un casque bas de gamme commence à 10€ et le modèle Vélib' favorise les courts trajets et une prise-dépose rapide, difficile à monter économiquement sur une pareille infrastructure. Avec de la pub sur les casques, ça pourrait marcher.

Huitième réflexion : il y a déjà des cons pour garer leur voiture le long des bornes d'accrochage vides. J'espère que l'amende est sévère et l'enlèvement en fourrière rapide.

Neuvième réflexion : dimanche soir, il n'y avait aucune borne libre dans le centre, et pas de vélo en haut de la rue de Charonne. Les fanas de statistiques de la mairie de Paris doivent saliver à l'avance sur tout ce qu'ils vont apprendre des flux de circulation dans la ville. Decaux doit attendre pour leur part de savoir comment mettre en place le déplacement de vélos pour éviter les points de congestion ou les stations vides.

Dixième réflexion : il faut que j'en décroche un pour essayer en vrai...

P.S. Onzième réflexion : les vendeurs de vélos bas de gamme que pleins de parisiens achètent pour ne pas se les faire piquer (et remplacent tous les ans) vont voir leur chiffre d'affaires en prendre un sérieux coup dans l'année qui vient.

Douzième réflexion (du lundi) : c'est curieux mais quand il pleut (pour changer !) on ne voit pas beaucoup de Vélib' en circulation. Peut-être qu'en plus des casques, il y a un truc à faire avec les capes anti-pluie.