Politique sauce béarnaise

L'un des meilleurs signes de la montée en puissance du candidat Bayrou est que pratiquement tous ceux qui « causent dans le poste » prononcent son nom correctement, ce qui était loin d'être le cas il y a encore quelques mois.

Après, il y a les sondages (comment ça, ils ne sont pas sérieux ? ;-p)

Ou des publicités ciblées assez parlantes sur Google, sur le nom du candidat, comme ici : François Bayrou au second tour ?

Ou encore des argumentaires fébriles, malhabiles, creux voire carrément contre-productifs des militants du PS ou de l'UMP. Il y a des sueurs froides qui ne trompent pas.

Mais surtout, pour moi, c'est l'idée qui s'impose chaque jour un peu plus que Bayrou est en réalité, de tous les candidats qui ont une chance de l'emporter, le seul qui puisse bousculer l'appareil politique actuel. Mon raisonnement va faire bondir les militants de tout poil, mais plus j'y réfléchi plus il devient évident pour moi.

D'abord, je pense que ni Nicolas Sarkozy, ni Ségolène Royal n'apporteront le moindre changement significatif aux bonnes vieilles habitudes politiciennes de la droite ou de la gauche dite « gouvernementale ».
Sarkozy, c'est Chirac avec 23 ans de moins, des dents encore plus longues et pas assez d'expérience et de diplomatie pour ne pas faire de très gros dégâts sur le parquet (exemple : Chirac manie mieux la lance à incendie pour éteindre les feux que Sarkozy ne manie le Kärcher pour nettoyer les banlieues).
Ségolène Royal mérite autant le qualificatif d'éléphant(e) que ses petits camarades qui l'ont récemment rejointe dans son équipe de campagne. Après son discours à Villepinte, je me suis dit que tout au plus, si elle réussi l'exploit de s'imposer à la fois à l'élection et sur les caciques du P.S., nous pouvons nous attendre à un joyeux bordel comme celui qui a accompagné les premières années Mitterrand en 1981. Après, nous aurons un retour à la rigueur au pragmatisme et une reprise en mains par les fameux éléphants que nous connaissons tous.
Aucun changement, donc, les promesses de ceux deux-là n'engagent que ceux qui les écoutent.

J'écarte Le Pen. Parce que je pense qu'il n'arrivera pas au second tour, et même si c'est le cas, il n'a rigoureusement aucune chance de gagner. Le Pen a fait peur à tout le monde le 21 avril 2002, il ne fait plus peur à grand monde aujourd'hui.

Reste François Bayrou, en troisième homme qui peut faire basculer les choses le 22 avril 2007. Le candidat Condorcet, le seul capable de l'emporter contre tous les autres, s'il arrive au second tour. Ce n'est pas gagné, mais cette hypothèse reste pour moi plus plausible qu'un Le Pen au second tour.

Si vous m'avez bien suivi jusqu'ici, seuls trois candidats ont une chance de gagner le bail de l'Elysée, par ordre alphabétique : Bayrou, Royal, Sarkozy. De ces trois-là, nous savons ce que valent les promesses de « gouverner autrement » des deux derniers. Quant à François Bayrou, qui n'a jamais exercé le pouvoir plus loin que quelques ministères au bon vouloir de l'Union pour Moi Président (Moi = Chirac ou Sarkozy, selon l'époque), je lui laisse le bénéfice du doute. Et même si je bascule en mode « cynisme ordinaire », je sais que sa seule élection suffira à mettre un beau coup de pied dans la fourmilière qui nous gouverne en ronronnant depuis des décennies.

Conclusion, le seul changement politique viable à portée d'urne le 22 avril, c'est que François Bayrou arrive en seconde position. L'élection de Bayrou serait un véritable séisme pour les deux partis majoritaires, ce qui nous garantirait la plus belle campagne législative depuis vingt-six ans et un peu de fraîcheur du côté de la rue du Faubourg Saint-Honoré.

Rien que pour cette perspective, il aura ma voix.