Sortir du TCO pour calculer le coût de l'informatique

Louis Naugès a publié deux billets, dans lesquels il propose une alternative au sacro-saint TCO (Total Cost of Ownership, coût total de possession) pour calculer les coûts informatiques à l'ère d'une migration vers les services web :

  1. ACM, ou l’obsolescence du TCO ? - ACM = Access Cost per Month = coût d'accès aux services, c'est-à-dire grosso modo l'infrastructure (terminaux fixes et/ou mobiles, accès réseau)
  2. L’après TCO (2) - SCM, le coût des Services - SCM = Service Cost per Month, c'est-à-dire l'abonnement mensuel lié à l'utilisation des services

Une proposition très intéressante mais j'y vois une erreur de taille dans les exemples chiffrés qu'il prend comme Typepad ou Basecamp. En effet, aucun de ces services ne garantit quoi que ce soit en matière ni de continuité de service ni de sauvegarde des données. C'est le problème majeur de l'immense majorité des services web actuels, qui fait que nombre d'entreprises seront réticentes à confier leurs fonctions et données critiques à des prestataires dont la responsabilité juridique est quasiment nulle. Garantir une perte d'activité a un coût, et c'est l'absence de cette garantie qui permet à ces services de fleurir à des tarifs très attractifs par rapport à des solutions disons plus traditionnelles. Les comparaisons de Louis sont donc biaisées, et les DSI ont encore quelques arguments pour défendre leur pré carré !

En février dernier, j'avais déjà souligné le problème à la suite des coupures de service de salesforce.com et typepad.com — en plus des problématiques de changement de service et de transparence des fournisseurs* — en me demandant si le monde de l'assurance a commencé à intégrer la notion de "logiciel en tant que service (web)" dans ses offres de couverture de la perte d'activité. J'avais également souligné le problème d'un monde des services à deux vitesses (une réalité déjà) entre les services B2B et ceux B2C, ces derniers pouvant se permettre d'être, vis-à-vis de particuliers, moins regardant en matière de fiabilité et plus restrictifs juridiquement que les premiers envers leurs clients entreprises.

Je pense qu'on va s'acheminer graduellement vers une utilisation pragmatique des services web, au fur et à mesure que ceux-ci font leurs preuves, pas seulement dans de petits groupes de pionniers et après un baptême du feu suffisant.

Note :
(*) à ce sujet, il n'y a qu'à observer le flou, ou plutôt l'obscurité dans laquelle se trouvent les clients de JotSpot en plein rachat par Google. Moi-même, client indirect de Urchin via TextDrive, j'ai perdu l'usage de l'outil ainsi que des mois de statistiques lorsqu'ils se sont fait racheter par... Google, déjà coutumier du fait, donc.