Le blog-à-oreilles s'industrialise

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Stéphane Gigandet lance Les Influenceurs sur une idée de Stéphane Lee. Je crois qu'ils ont mis le doigt sur quelque chose de très intéressant, et l'idée de choisir la publicité qu'on veut arborer -- c'est de la recommandation -- est nettement plus séduisante que celle de se la voir imposer comme avec le système AdWords de Google (dont une des conséquences, qui m'amuse assez, est d'entendre Loic se plaindre de devoir barrer sa porte à ses concurrents sur son blog, ou une charmante blogueuse qui s'ignore s'offusquer d'avoir vu des pubs pour cosmétiques et frous-frous sur un article de fond sur la condition féminine).

Le site est encore brut de décofrage mais prometteur. J'aimerais voir ce type de recommandation se développer avec un vrai rédactionnel, car quand je recommande quelque chose, j'argumente.

Il y a des perles dans les commentaires du billet de Stéphane Lee, notamment la réaction de Guillaume Buffet, DG de Singapour qui est l'agence de Google France :

[...] j'ai à la fois le sensation que votre idée est très séduisante car la caution de l'utilisateur rend le message très crédible.

En revanche, il n'est pas évident à mettre en oeuvre, pour un annonceur, de façon "industrielle" : ma campagne commence le 12, je souhaite toucher 1,2 million de contacts en moyenne 3 fois, puis j'arrête... Pas évident car l'annonceur ne contrôle plus l'affichage de sa campagne.
J'ai l'impression en effet que votre idée est plus à cheval entre le parrainage et les programmes d'affiliation existants.

Je rejoins assez Stéphane qui répond que :

[...] ce que veut contrôler l'annonceur c'est le coût...

A mon avis, le taux de tranformation sera tellement bon, que ce qui sera payé par l'annonceur au blogger c'est un "referer fee" (une commission) et pas un click. Donc le coût sera automatiquement lié à une vente...Ce n'est plus un coût marketing , c'est un "cost of sale".

Si je suis annonceur et que je ne contrôle plus mes ventes, c'est EXTRAORDINAIRE !!!

Ce que je vois, à terme, c'est la disparition de certains titres de presse dont le contenu rédactionnel est basé sur des tests de produits et services, tests souvent légers et parfois complaisants, et dont les revenus proviennent de la publicité des fournisseurs de ces mêmes produits et services (qu'on ne veut/peut pas trop fâcher dans les tests au risque de scier la branche sur laquelle on est assis). Ils seront remplacés par du "blog-à-oreilles" de ce type. La vraie question pour moi ce n'est pas tant de trouver un merveilleux modèle économique pour justifier ça que d'assurer l'intégrité et la liberté de parole de l'influenceur dans l'opération.

P.S. j'avais sorti l'expression de blogue à oreille il y a quatre mois, en écrivant ceci :

Les weblogues participent à une évolution fondamentale du bouche à oreille, sur un mode redoutablement efficace parce qu'écrit, instantané et mondial. L'influence que je pouvais avoir il y a quelques années sur mon réseau proche a été multipliée grâce à mes weblogues par trois ordres de grandeur ! Prétendre lutter contre ce phénomène est illusoire et lorsqu'on est face à un tel bras de levier, il vaut mieux se placer du bon côté du levier.