Halte au vote électronique !

Il faut stopper le vote électronique tant que celui n'offre pas les mêmes garanties que le scrutin républicain à bulletin secret et avant qu'il ne devienne un scandale national.

Les machines à voter, telles qu'approuvées par le Ministère de l'intérieur, posent les deux problèmes essentiels suivants :

  1. elles n'offrent aucune trace papier permettant à la fois à l'électeur d'avoir l'assurance que la machine a enregistré son vote correctement et à la collectivité de procéder à un décompte manuel pour vérification en cas de problème ou de contestation
  2. ce sont des boites noires dont le logiciel et le socle technique ne sont connus que de leur constructeur, empêchant la collectivité d'en connaître le fonctionnement.

Le premier point est à attribuer à un fâcheux oubli dans la rédaction du cahier des charges ou, pire, un choix délibéré de ses commanditaires. Tout scrutin, quel qu'en soit le déroulement, doit permettre une vérification a posteriori et incontestable des votes exprimés. Je n'ose imaginer les implications tant juridiques que financières en cas de contestation d'un scrutin si l'on s'avère incapable de recompter les votes avec certitude. La plupart des états américains qui ont oublié ce "détail" sont en train de revenir en arrière, sous la pression de leurs citoyens, pour qu'une trace papier soit délivrée pour chaque vote exprimé (et cela va leur coûter horriblement cher, puisque ce n'était pas dans le cahier des charges initial).

Le second point est tout simplement inacceptable. Il est à contraster avec un scrutin manuel dont la transparence est totale (urnes transparentes, décompte par les citoyens, bulletins conservés sous scellés). Il est aussi bon de rappeler que la sécurité par l'obscurité est un leurre et que c'est une méthode qui n'a pas sa place dans un processus électoral de la République (res publica, la chose publique).

Il est donc indispensable d'interpeller la classe politique pour qu'elle cesse de jouer avec le feu et qu'elle adopte un moratoire sur le vote électronique tant que ce dernier n'offrira pas, et ce de manière absolument indiscutable, les mêmes garanties de sécurité, d'intégrité et de transparence que le scrutin manuel actuellement en vigueur.

Si vous pensez, comme moi, que l'intégrité d'un scrutin a une importance capitale pour notre démocratie, et qu'il s'agit d'un sujet où le principe de précaution a bien sa place, alors merci de tout faire pour sensibiliser vos élus à ce problème.

Je lance un défi à la communauté du Logiciel Libre, à l'instar du projet Open Vote Foundation. Si l'on part du principe que le vote électronique est inéluctable (c'est un postulat, pas une certitude) il est indispensable qu'un projet équivalent voit le jour dans la langue de Molière.

Je lance un autre défi aux hommes et femmes politiques weblogueurs à trois jours du premier scrutin national : publiez votre point de vue sur ce sujet. Celles et ceux qui ont le courage de venir commenter ici-même ou faire un lien vers ce billet gagneront ma reconnaissance citoyenne, quel que soit leur point de vue pourvu qu'il soit argumenté. Langue de bois interdite, cela va sans dire.